Skip to content

Les rues de Bastogne

ORIGINE DU NOM DES RUES DE BASTOGNE

 

La rue Claude de Humyn a probablement une origine séculaire. Pour certains, elle emprunte partiellement le tracé de la chaussée romaine Reims-Cologne.

La dénomination "rue Claude de Humyn" s'est cependant imposée à une date récente. Le registre de population couvrant la période 1932-1947 portait encore la mention "Chemin des Humains". Ce chemin longeait un terrain situé au lieu-dit "Au champ des Humains". Humains est ici le patronyme d'une famille dont un des représentants les mieux connus est Claude de Humyn, né à Bastogne en 1581 et décédé en 1639. Procureur général au Grand Conseil de Malines, il a composé un recueil des arrêts de celui-ci. Son action en faveur des Récollets à Bastogne est bien connue. Il a été inhumé, ainsi que son épouse, dans l'Eglise des Récollets puis, lors de la sécularisation de cette Eglise, leurs pierres tombales ont été transférées dans le cloître des Pères Franciscains où l'on peut toujours les admirer.

 

Les Jardins de Bruges sont un quartier de 48 maisons construit dans les années 60 par les Habitations Sociales de Bastogne.

Ce nom a été directement inspiré par les responsables des Habitations Sociales qui, dans une lettre adressée aux autorités communales le 10 janvier 1969, souhaitaient qu’il soit tenu compte, dans le choix du nom à donner à ce nouveau quartier des relations privilégiées qui s’étaient nouées dans l’immédiat après-guerre entre la Venise du Nord et la capitale de l’Ardenne, et plus particulièrement, du fait qu’existait à Bruges une Bastenakenstraat ;. Il faut se souvenir que, sous l’impulsion du Doyen Georges GALAND, alors vicaire de Bastogne, bénéficiant de la collaboration du Bourgmestre de Bruges Pierre VANDAMME,les bonnes relations entre les deux villes permirent notamment à de nombreux jeunes Bastognards d’effectuer des séjours à Zeebruges.

Le Conseil Communal suivit cette requête et donna au nouveau quartier la dénomination de « Jardins de Bruges » en sa séance du 07/10/1969.

Extrait de « Paveye et pa podrî » de Messieurs FRANCARD et MOERYNCK et publié avec leur aimable autorisation.

 

La rue de la Gueule du Loup, on peut sans doute chercher son origine dans la topographie du lieu. Il s’agit d’une montée encaissée, qui peut donner l’impression à ceux qui l’empruntent d’aller se « jeter dans la gueule du loup ».

 

La Cité Lallemant, l’abbé Edmond Lallemant (1883-1975) fut une personnalité très connue des Bastognards, notamment en tant qu’aumônier militaire durant les deux guerres mondiales.

Son dévouement pour les plus démunis était également très connu. Le journal paroissial « Dimanche », dans son édition du 15 août 1948 publia un émouvant « communiqué » de l’Abbé Lallemant.

« A tous ceux qui ont demandé une maison (ils sont nombreux, beaucoup trop nombreux pour obtenir satisfaction immédiate et cela fait voir la détresse des ménages modestes), je réponds par la voie du « Dimanche ». Ceux qui n’auront pas reçu par la poste leur avis d’acceptation voudront bien patienter jusqu’à l’année prochaine ; j’ai demandé à la Ville un terrain pour y bâtir une nouvelle cité ; je leur promets qu’ils seront servis ».

Et ainsi est née la Cité Lallemant…

 

La Grand-rue de Bastogne comporte deux sections : la rue du Sablon et la rue du Vivier. Cette coquetterie a des origines séculaires : les deux quartiers ont connu une histoire partiellement distincte dont certaines conséquences se sont fait sentir jusqu’à une époque récente.

Le quartier du Sablon appartenait à l’origine au Domaine de Notre-Dame d’Aix. Terre ecclésiastique, elle sera favorable à l’établissement de marchands et d’artisans. Dès 887, le marché qui se tient dans ce quartier est cité par les documents et cette activité commerçante ira croissant, faisant de cette partie de la ville une véritable agglomération où les bourgeois jouissent de nombreux privilèges.

Le rachat du Domaine d’Aix par Jean l’Aveugle va unifier les deux quartiers de la ville, dorénavant propriétés du Comte de Luxembourg. Ce fait politique favorisera le développement de l’ensemble de la ville, mais sera particulièrement bénéfique pour les habitants du Sablon. Ceux-ci conserveront longtemps des privilèges qui les favorisaient par rapport à leurs concitoyens du Vivier.

Pour illustrer cette disparité à une époque récente, citons cet extrait des délibérations du Conseil communal du 27/09/1867 :

« Bastogne se compose de deux sections dont l’une, la rue du Sablon, est affouagère dans la Forêt de Freyr et jouit d’un revenu annuel d’environ 5 000 F; l’autre section, la rue du Vivier, ne possède aucune ressource et se voit dans la dure nécessité de recourir chaque année à une imposition sur les habitants pour couvrir les dépenses ordinaires. »

L’antagonisme était encore perceptible à la veille de la Première Guerre Mondiale, lorsqu’à l’occasion d’une discussion portant sur une majoration du taux des centimes additionnels pour l’année 1913, le Conseil communal estime « qu’il est dérisoire de vouloir parler à nouveau de comptabilité et d’élections sectionnaires alors que la rue du Sablon est toujours largement venue en aide à la ville et qu’elle nourrit encore actuellement les meilleures intentions vis-à-vis de la rue du Vivier ».

Le quartier du Sablon et la rue qui perpétue son souvenir doivent leur nom à l’extraction de sable dans la colline partant du cimetière actuel, se dirigeant vers le parc des Soeurs Notre-Dame pour aboutir à la route de Marche du côté de Renval.

 

La rue des Trinitaires est une dénomination qui s'est imposée seulement au lendemain de la seconde guerre mondiale. Auparavant, la tradition orale, reprise dans certains documents officiels, lui préférait le nom de "ruelle Lambotte" ou de "ruelle Maréchal".

L'ordre des Trinitaires, fondé en 1198 par Jean de Matha et Félix de Valois, avait pour mission de recueillir des fonds pour le rachat de chrétiens tombés aux mains des musulmans. Mais, très tôt, ces religieux se consacrèrent également au service des malades. C'est à eux que Gérard d'Houffalize, bourgeois de Bastogne, fait appel en 1239 pour desservir l'hôpital Saint-Nicolas, encore appelé l'hôpital des pauvres, qu'il avait fondé dans le bas de la ville entre l'actuelle rue des Brasseurs et celle des Trinitaires. Les Trinitaires, installés à Bastogne dès 1242, assureront la gestion de cet hôpital et aideront le clergé des environs dans ses tâches spirituelles.

Leur communauté ne sera jamais très importante numériquement et leurs revenus seront modestes. En 1607, à la suite des décrets du Concile de Trente, l'hôpital est sécularisé, puis transféré à l'endroit de l'ancien hospice. En 1664, les Trinitaires ouvrent une école latine où étaient enseignées la grammaire et la poésie. Elle disparaîtra une cinquantaine d'années plus tard.

Les réformes de Joseph II n'épargneront pas les Trinitaires. Leur couvent est supprimé en 1783 et l'église est détruite à la fin du XXIII siècle. Une partie de leur couvent subsiste encore aujourd'hui, transformée en maison particulière.

 

La Place de la Paix, à la jonction entre le chemin de Musy, l'avenue Tasiaux et la route de Marche, a été aménagée sur le site de l'ancien château d'eau, construit en 1938 et démoli en 1980, lequel avait lui-même remplacé un premier château d'eau édifié en 1887, lors de l'inauguration de la distribution d'eau à Bastogne. Les architectes ont intégré dans leur réalisation les cuves provenant du premier château d'eau.

L'inauguration officielle de cette place a eu lieu le 9 décembre 1989, à l'occasion de la Foire aux noix. Cette place rappelle l'adhésion de Bastogne à l'Union Mondiale des Villes Martyres, Villes de Paix, association qui s'est créée en 1982, à l'initiative de Messieurs LUTGEN (Bastogne), VIGNERON (Verdun) et BIVER (Grand-Duché). Elle réunit des villes de par le monde ayant gravement souffert de faits de guerre.

 

Les rues de la mémoire

La rue du Colonel ROULING, cette ruelle a disparu à la suite de la rénovation du quartier de la Porte de Trèves dans les années 1970. Elle partait de l’arrière de la Maison Mathelin pour rejoindre l’actuelle rue Gustave Delperdange.

Dans la tradition orale, cette ruelle portait le nom de « Nouvelle Chtok ». Peu après la Seconde Guerre Mondiale, Les autorités communales décidèrent de lui donner le nom d’un enfant du pays, Jean-Hubert Rouling, né le 20 juin 1869 à Arloncourt et décédé à Watermael en 1939. Ce militaire s’était illustré lors de campagne au Zaïre, sur l’Yser puis au Cameroun durant la Première Guerre Mondiale. Il repose, selon ses vœux, dans son village natal. L’apposition de la plaque originale eut lieu le 29 septembre 1946.

Après la disparition de la rue, les proches du Colonel Rouling, soucieux de préserver son souvenir, ont fait apposer une nouvelle plaque, toujours visible sur le mur arrière de la Maison Mathelin. Cette initiative a été prise le 09 octobre 1982, à l’occasion d’une réunion de plus de 150 descendants de la famille Rouling.

 

Les Jardins de Bruges sont un quartier de 48 maisons construit dans les années 60. Ce nom a été directement inspiré par les responsables des Habitations Sociales, qui dans une lettre adressée aux autorités communales le 10 janvier 1969, souhaitaient qu’il soit tenu compte, dans le choix du nom à donner à ce nouveau quartier, des relations privilégiées qui s’étaient nouées dans l’immédiat après-guerre entre Bruges et la capitale de l’Ardenne, et plus particulièrement du fait qu’il existait à Bruges une Bastenakenstraat. Le Conseil communal suivit cette requête et donna au nouveau quartier la dénomination de « Jardins de Bruges » en sa séance du 7 octobre 1969.

 

La rue Joseph Renquin est issue de la séparation de la route d'Arlon en deux tronçons. Elle coïncide avec celui qui va de la Place McAuliffe à la route de Wiltz, l'autre partie conservant sa dénomination originelle.

Cette rue perpétue, dès le lendemain de la guerre 1940-1945, la mémoire de Joseph Renquin (1914-1943). Juriste inscrit au Barreau de Liège, il appartiendra durant la guerre au même réseau qu'un autre Bastognard, Pierre Thomas. Infiltrée par les Allemands, ce réseau est démantelé et bon nombre de ses membres sont emprisonnés à la Citadelle de Liège. Le Conseil de guerre allemand condamnera à mort neuf d'entre-eux et les fera fusiller le 31 mai 1941, Joseph Renquin en faisant partie.

Si la dénomination s'est imposée dès l'immédiat après-guerre, il a fallu attendre le 16 décembre 1971 pour voir l'inauguration officielle de la rue.

 

Le chemin du Saiwet, qui a une existence séculaire dans la tradition orale, a dû attendre 1990 pour être officialisé. Cette dénomination a remplacé la rue de Lutrebois, appellation pouvant entraîner des confusions avec le village de Lutrebois.

Le mot "saiwet" désigne l'évier dans plusieurs localités proches, mais il correspond probablement ici à un fossé d'écoulement servant à drainer le terrain.

 

L’histoire de la rue Merceny ne peut être dissociée de celle du Parc Merceny et, antérieurement, de celle de la Baraque Merceny.

Cette « Baraque Merceny » assimilée à un lieu-dit dans l’Atlas des Communications vicinales (1844) et dans les délibérations du Conseil communal dès la seconde moitié du 19ème siècle, se verra progressivement supplantée par l’appellation « Parc Merceny » à laquelle la rue du Parc fait référence . Un parc qu’une délibération du Conseil communal du 10 octobre 1950 décrit encore comme « une parcelle appelée parc mais non aménagée et inculte ».

Ce vaste terrain a suscité bien des projets. En 1869, une délibération du Conseil communal nous apprend qu’il s’agit d’un terrain indispensable au pâturage des porcs pendant la plus grande partie de l’année. Les Conseillers communaux, refusant de le vendre à des particuliers, précisent en outre lors du Conseil communal du 06 juillet 1869 que « le commerce des porcs étant la principale industrie des habitants de Bastogne, on porterait préjudice principalement à la classe pauvre en restreignant leur parcours ».

En 1926, une délibération du Conseil communal fait écho au vœu de nombreux habitants de la ville désirant « voir celle-ci aliéner un terrain communal pour en faire des places à bâtir et permettre ainsi aux petits fonctionnaires et aux ouvriers de se loger dans des maisons convenables et relativement bon marché ». Pour répondre à cette requête, le Conseil communal décide le 25 mai 1926 de mettre en vente le terrain situé au lieu-dit « Baraque Merceny » lequel sera réparti en 27 lots. La rue Merceny pouvait voir le jour.

Merceny est le correspondant wallon de Mercenier (marchand) . Ce patronyme est notamment celui d’un maître-sculpteur de Bastogne au 18ème siècle, Nicolas MERCENIER.

 

La rue de la Porte Haute, si la Porte Basse, appelée aujourd’hui Porte de Trèves, donnait accès au bas de la Ville, la Porte Haute était édifiée dans le haut de la Ville. D’une architecture sans doute semblable à celle de la Porte Basse, elle a disparu vers le milieu du 19ème siècle.

Cette dénomination est récente, probablement postérieure à la guerre 1940-1945. Auparavant, elle était désignée sous le nom de ruelle Siville ou encore sous le nom de Chemin de la Fontaine. Elle passait près du « Trou des Chevaux », une excavation proche de la jonction entre la rue de la Porte Haute et la rue Sur les Bords d’Eau, qui servait d’abreuvoir pour les chevaux et qui a été comblée en 1904 lors de la construction de l’usine électrique ; ensuite elle gagnait la vieille fontaine et se prolongeait en direction de la Chapelle Notre-Dame de Bonne-Conduite.

 

Chemin d’Assenois, le chemin menant de Bastogne vers Assenois (commune de Vaux-sur-Sûre) est très ancien, puisqu’il existe au moins depuis le 15ème siècle (LEFEBVRE 1989 : 159). Il restera longtemps chemin de terre (chemin N°4 de l’Atlas des communications vicinales), jusqu’à son empierrement décidé en 1864 par le conseil communal. C’est par là que les soldats américains de Patton passèrent le 26 décembre 1944 pour rompre l’encerclement de Bastogne.

La tradition orale, ainsi que de nombreux documents officiels, ont privilégié le générique chemin (w.tchumin d’Assnè). Lusage étant devenu mouvant depuis 1946 (y compris dans les délibérations du conseil communal), le rapport FRANCARD-MOERYNCK a suggéré le retour à la dénomination traditionnelle.

 

Rue de Beaumont, cette ruelle a une histoire obscure. Elle est peu citée dans les documents officiels, mais elle apparaît dès la fin du 19ème siècle . elle n’est pas attestée dans la tradition orale, qui la désigne plutôt sous le nom de ruelle Hansez (W . rouwale Hansé).

Deux hypothèses nous paraissent pouvoir être retenues pour expliquer cet odonyme. On peut considérer Beaumont comme le nom d’un riverain (ainsi que le fait FECHEROLLE 1971 : 58). Malheureusement, nous n’avons pas trouvé de ce patronyme à Bastogne pour la période concernée . Une autre difficulté est la présence de de, lequel est absent lorsque la rue ou la ruelle porte le nom d’un des riverains.

On peut également y voir une référence à la célèbre « Loi de Beaumont », du nom d’une petite ville française située entre Mouzon et Stenay, laquelle a servi de modèle à Henri l’Aveugle (+1196) pour accorder des franchises à plusieurs localités du comté de Luxembourg. A Bastogne, ces franchises seront officiellement accordées le 2 juin 1332 par Jean l’Aveugle. Le choix de cette dénomination rappelerait donc cet octroi ou l’une de ses célébrations. Mais aucun document officiel ne vient confirmer cette hypothèse.

 

Rue Jean Beck, cette petite rue des pa podrî, on ne peut plus discrète dans les documents officiels, doit probablement sa dénomination au chanoine Paul Fécherolle, lequel a évoqué à plusieurs reprisées dans ses billets hebdomadaires le personnage de Jean Beck (VOIR FECHEROLLE 1971 : 50,65 sv), y soulignant notamment qu’il n’est pas à considérer comme un grand nom de Bastogne (puisqu’il est né à Luxembourg). Dans le même ouvrage, Paul Fécherolle répond également à un correspondant anonyme qui lui reproche d’avoir donné à Jean Beck « une rue d’étables et de fumiers » (FECHEROLLE 1971/66).

Jean BECK est né à Luxembourg en 1588. D’origine modeste – il a été pâtre – il s’engagera dans les armées du Saint-Empire dont il deviendra un des plus fameux généraux lors de la guerre de Trente Ans. En 1639, il passe quelques jours à Bastogne, avec l’armée de Piccolomini. Nommé baron en 1647 par l’empereur Ferdinand II, il devient Gouverneur Général du Luxembourg. Il meurt à Arras (Pas-de-Calais) en 1648..

Cette dénomination s’est imposée dans l’immédiat après-guerre : auparavant, cette rue coïncidait partiellement avec le chemin n°47 de l’Atlas, la ruelle Lamborelle, sur le tronçon allant de la rue de la Halle à la rue des Brasseurs.

 

Chemin du Bois d’Hazy, voie de communication très ancienne en direction de Salvacourt (chemin n°5 de Atlas des communications vicinales), le chemin menant bois d’hazy est devenu, après la seconde guerre mondiale, la voirie d’un quartier destiné initialement à des logements militaires.

Le bois d’hazy est bien attesté dans les documents anciens car, dès le début du 13ème siècle, il a été la propriété des maires héréditaires de Bastogne.

 

Rue sur les Bords d’Eau, l’existence du lieu-dit Aux Bordeaux ou Sur les Bordeaux est ancienne. Jusqu’à une date récente , il n’y avait en cet endroit qu’un sentier dénommé par l’Atlas « Sous les Récollets et sous les Bordais » (N°69). C’est en 1947 (CC25-02-1947 et 13-05-1947) que le conseil communal décida le recouvrement de la Wiltz depuis la route d’Arlon jusqu’au pont de la rue des Récollets. Ce faisant, la ville souhaitait épargner les dépenses liées au curage du ruisseau et à l’entretien des murs de soutènement, mais également « pratiquer sur cette couverture du cours d’eau un chemin communal qui permettrait la création, à cet endroit à proximité du centre de l’agglomération, de nombreux emplacements à bâtir, chose impossible actuellement en raison de l’exiguïté du chemin ».

L’actuelle dénomination (rue sur les Bords d’Eau) est le résultat d’une étymologie populaire déjà suggérée par LAYON (1879-49) et avalisée par cette glose de P. Fécherolle (1971 : 58) : "par Bordeaux, il faut entendre les bords de l’eau". Cette interprétation n’a été officialisée que très récemment : le registre de population entamé en 1964 portait encore le dénomination « rue sur des Bordeaux », laquelle a été surchargée en « rue sur les bords d’Eau ».

Les attestations écrites antérieures et la tradition orale (w.âs Bordês) concordent toutefois pour écarter cette hypothèse, laquelle est pourtant accréditée par la proximité de la Wiltz. Il convient de lui préférer le rapprochement avec l’ancien français bordeau « masure ». Le lieu-dit désignait donc un endroit où se trouvaient de modestes habitations délabrées et peu salubres.

 

La rue des Brasseurs a connu plusieurs modifications au cours de l’histoire récente, pour l’essentiel des projets d’alignement (en 1929) et d’élargissement. En 1947, à l’occasion de l’urbanisation du quartier du Puits des Pois, elle passera de trois mètres de largeur aux onze mètres actuels, grâce à l’expropriation de la maison Martin.

L’ensemble du quartier connaîtra en cette occasion un nouveau visage. Outre l’élargissement de l’actuelle rue des Brasseurs (dans l’entre-deux-guerres, ruelle Mercier ; auparavant ruelle Couturier), on fera une impasse de la ruelle qui était située un peu plus avant en direction du haut de la ville, la ruelle Cognaux (aujourd’hui rue du Puits des Pois). Ces deux ruelles sont mentionnées sous le même numéro (N°50) dans l’Atlas des Communications vicinales (1844) où elles sont dénommées « ruelle des Brasseurs » ; elles correspondent à ce que LAYON (1879 :27) appelle les « deux ruelles des Bressines ».

Dans la tradition orale ancienne, cette rue était connue sous la dénomination wallonne rouwale dès brèssines « ruelle des brasseries » en référence à l’activité des riverains. Une autre dénomination s’est imposée dans l’entre-deux-guerres, celle de ruelle Mercier (w. rouwale mercié).

 

Rue de la Californie, la Californie est un toponyme déjà mentionné par LAYON (1879) : 26) et est signalé comme écart de la ville de Bastogne dans une délibération du conseil communal en 1881. Il apparaît également dans le registre de population à partir de l’année 1911.

Si le toponyme est ancien, la dénomination rue de la Californie est récente. Elle a été décidée par le conseil communal en sa séance du 1-10-1990, en remplacement du chemin de Marvie. Cette modification a été motivée par le souci de différencier clairement le village de Marvie et la rue qui portait, jusqu’à il n’y a guère, la même appellation. Elle a été approuvée par la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie le 04-02-1991.

A la Californie (w. al Californi) est venu s’installer, dans le courant du 19ème siècle, un entrepreneur nommé Joseph ( ?) Delperdange. Celui-ci, avec ses associés Houziaux et Philippart, y installa une briqueterie dont la production permit la construction d’une ferme au même endroit (longtemps appelée ferme Nisen) et celle de plusieurs habitations à Bastogne.

D’après la tradition orale, le choix du toponyme pourrait bien être le fait d’un des membres de cette équipe. S’agit-il d’une référence à la qualité de la terre de l’endroit et donc à la richesse qu’elle procurait, la Californie étant en l’occurrence un autre Eldorado ? Ou faut-il y voir l’évocation d’un souvenir personnel lié à cet Etat américain (voyage, immigration d’un membre de la famille) ?

On précisera toutefois que le toponyme Californie est connu ailleurs en Wallonie, à côté d’autres noms de pays étrangers « empruntés » (Amerika, Canada, Congo, Pérou, Sibérie, etc) . Tantôt, comme à Muno, il peut désigner une habitation isolée ; tantôt, comme à Pesche (Philippeville), il désigne un hameau.

Une seule certitude : cette Californie ne doit rien à l’intervention des soldats américains lors de l’Offensive des Ardennes…

 

Rue des Cerisiers, sous cet odonyme poétique se cache une longue série d’escarmouches entre la ville de Bastogne et la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie . La voirie concernée est celle du lotissement Meis, entamé en 1984 sur le site de l’ancienne scierie exploitée par Georges Meis souhaitent voir donner à la voirie le nom de « Clos Georges Meis ». Le Conseil communal , en sa séance du 19 octobre 1989, entérine à une large majorité cette proposition et la soumet à l’avis de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie ; Refus de ladite commission, motivé comme suit :

- le générique « Clos » est jugé inopportun parce que non traditionnel dans notre toponymie ; en outre , l’usage qui en est fait ne correspond pas à sa dénifinition habituelle ;

- le nom propre proposé ne correspond pas aux critères énoncés par la Commission : « ‘il faut s’assurer que les noms méritent d’être rappelés, dans cinquante ans et davantage, au souvenir des générations futures, parce que l’œuvre de ces personnes ou leur rôle ont été particulièrement remarquables » (bulletin de la CRTD, 55(1981), p3334) ;

- la section wallonne de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie n’admet guère qu’un nom de personne soit proposé par la famille même de la personne à honorer.

Face à cette volée de bois vert, le conseil communal, réuni le 13 juillet 1990, propose la dénomination « Clos des Bois ». Nouveau refus de la Commission, qui estime que cette appellation n’est pas motivée et qu’elle suscite les mêmes réserves que la précédente quant à l’emploi du générique « Clos ».

C’est alors que resurgit une proposition qui avait fait long feu lors du baptême d’une autre rue Le conseil communal du 01-10-1990 se rallie à la dénomination « rue des Cerisiers », laquelle sera enfin approuvée par la Commission le 30.10.1990.

La justification officielle de cet odonyme, d’après la lettre des autorités communales transmise à la Commission le 26 octobre 1990, est qu’à l’endroit du lotissement Meis existaient autrefois des cerisiers (le dernier fut, paraît-il, abattu lors des travaux de lotissement) et que… la commune envisage d’en planter de nouveaux ! Cette promesse ayant été tenue, il ne reste plus qu’à attendre que revienne le temps des cerises.

 

Rue des Champs, cette dénomination a été choisie par le conseil communal en sa séance du 21-12-1972. Il n’en existe aucune mention dans des documents antérieurs.

On cherchait sans doute en vain les motivations de ce choix qui, à défaut d’avoir révélé l’imagination des édiles communaux, suscitera celle de leurs concitoyens trop jeunes pour avoir connu les champs entourant Bastogne…

 

Rue Chanteraine, cette dénomination n’a pas fait l’objet d’une décision du conseil communal et paraît s’être imposée au lendemain de la seconde guerre mondiale. Dans la tradition populaire, elle est concurrencée par le wallon al montêye dès Récolèt « à la Montée des Récollets », qui décrit la topographie des lieux : la rue Chanteraine monte du quartier des Récollets vers la rue de Beaumont et la rue de la Porte Haute.

Cette dénomination ressuscite la petite seigneurie de Chanteraine, dont l’origine remonte au 14ème siècle (LEFEBVRE 1989 : 181) ; Propriété des Trinitaires, ce quartier fut cédé au 17ème siècle aux Récollets qui y installèrent leur couvent.

 

Rue de la Chapelle, le chemin de la Chapelle est connu depuis très longtemps comme celui qui mène « à la chapelle de Notre-Dame de bonne-Conduite ». L’Atlas des communications vicinales (1844) le sépare en deux parties : le « chemin de la Chapelle » (n°19), allant des Quatre-Bras à la rue de la Fontaine et un tronçon du « chemin de la Fontaine » (n°16) allant de la rue de la Fontaine à la Chapelle Notre Dame de Bonne-conduite.

A la différence d’autres voies de communication qui ne retenaient que fort peu l’attention des édiles communaux, celle-ci fut très tôt considérée comme un axe majeur pour l’extension de la ville. Témoin cet extrait d’un conseil communal du 26 mars 1929 où les édiles s’accordent à dire que « ce chemin sera converti, tôt ou tard, en une rue très importante qui aidera au développement de la ville dans le sens de la largeur ». Cet avis prémonitoire sera confirmé dès l’année suivante, lorsque le même conseil décidera d’entreprendre la réfection de la rue de la Chapelle.

Comme le confirme une délibération du conseil communal du 06-05-1881, parlant de la « barrière Notre Dame », c’est à proximité de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Conduite qu’était installée une barrière de l’octroi (comme celle d’Isle-la-Hesse), un lieu de péage pour les usagers des routes. Les droits de barrière sur les routes de l’Etat furent supprimés en 1866 ; ceux sur les routes de la province le furent en 1867.

La chapelle Notre-Dame de Bonne-Conduite a été édifiée en 1673 (date gravée au-dessus de la porte, sous l’auvent). Le devant du maître autel est l’œuvre du sculpteur Jean-Georges Scholtus, renommé pour d’autres mobiliers d’église. Un ermitage attenait à cette chapelle, desservi par un tertiaire de l’ordre des Récollets. Il disparut dans un incendie lors de la libération de Bastogne le 10 septembre 1944.

Le vocable « Notre-Dame de Bonne-Conduite », d’après des traditions orales citées par P. Fécherolle (1971 :11) fait référence aux invocations des voyageurs qui, avant d’entamer la traversée des bois entre Bastogne et Arlon, se plaçaient sous la protection de la Vierge Marie . A une époque plus récente, Notre-Dame de Bonne conduite est invoquée pour toute entreprise comportant des difficultés à surmonter.

C’est aux abords de cette chapelle que la confrérie des Arbalestriers de Bastogne organisait ses concours de tir, durant lesquels il fallait abattre un papegai fixé sur les arbres qui entouraient la chapelle. Cette fête est à l’origine d’une autre interprétation du vocable « de Bonne-Conduite » : la Vierge serait sollicitée pour guider les flèches de leur but…

Quoi qu’il en soit, on peut associer le culte de Notre-Dame de Bonne-Conduite et celui de Notre-Dame de Luxembourg, consolatrice des Affligés, laquelle fut élue en 1678 « Patronne du Duché de Luxembourg et du comté de Chiny ». Le greffier de Bastogne, N.A. Messing, signa l’acte officiel de cette élection en même temps que les délégués de seize autres villes du duché de Luxembourg (MAERTZ 1978 :44). Cette même Notre-Dame de Luxembourg figure dans les armoiries de la ville.

 

Rue des Charmes, cette voirie est celle d’un lotissement effectué par la Société Nationale Terrienne (actuellement Société Régionale Wallonne du Logement), entre le chemin d’Assenois et le chemin de la Wachenaule . Elle a reçu sa dénomination officielle lors d’une séance du conseil communal le 01-10-1990, laquelle fut approuvée par la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie le 30-10-1990.

La justification de cette dénomination, telle qu’elle fut transmise à la Commission, est « que le nom proposé correspond à la réalité puisque les charmes sont déjà plantés depuis un certain temps ». Quand les arbres se mettent à faire la rue…

 

Rue des Chasseurs Ardennais, LA SA Hypothécaire Anversoise a créé plusieurs lotissements à Bastogne à la fin des années soixante . Un de ceux-ci, situé au lieu-dit Renval, donnera naissance en 1970 à deux nouveaux noms de rue : l’avenue Jean-Georges Scholtus et l’Avenue des Chasseurs Ardennais.

Bastogne ne manquait pas de raisons pour honorer les chasseurs Ardennais, d’illustre mémoire pour leur résistance héroïque dans les premiers moments de l’invasion allemande en 1940. La ville avait en outre hébergé le 2ème Régiment des Chasseurs Ardennais de 1934 à 1940, puis de 1949 à 1954.

Il est donc rassurant d’apprendre que la hure a triomphé d’un autre odonyme, une rue des Cerisiers qui était également en lice lors de la séance du conseil communal du 28-07-1970. Le civisme l’a emporté, mais l’adversaire était coriace ! Les cerisiers refleuriront…

 

L’actuelle rue de la Citadelle est à distinguer de la ruelle de la Citadelle, dénomination qui apparaît dans l’Atlas des communications vicinales (1944) où elle porte le numéro 36, et qui correspond aujourd’hui au sentier montant en direction de rue des Tilleuls, au départ du carrefour entre la rue de la Chapelle et la rue des Récollets . Cette distinction permet de comprendre ce qui exactement visé par une délibération du conseil communal du 25-10-1915, lorsque ce dernier décide de créer une nouvelle rue allant du chemin de la Citadelle (la ruelle dans l’Atlas) à la ruelle Bertrand (laquelle correspond à la portion de l’actuelle rue de la Citadelle allant de la rue du Vivier à la rue des Jardins). Un peu plus tard, le projet est quelque peu réduit , puisque le conseil communal envisage de construire un chemin reliant la rue de la Chapelle à la ruelle Bertrand . Cette décision, prise le 03-12-1916, est donc l’acte de naissance de l’actuelle rue de la Citadelle, associant l’ancienne ruelle Bertrand et le prolongement de celle-ci en direction de la rue de la Chapelle.

Bastogne ne possède pas et n’a jamais possédé de citadelle. Ce qui est désigné ici est une éminence rocheuse qui, pendant la première guerre mondiale, fut exploitée comme carrière pour donner du travail aux ouvriers communaux réduits à la misère. Elle est aujourd’hui épousée. Située à l’emplacement actuel des Jardins Hinck, cette « citadelle » était couronnée d’un bois, dont la partie est s’appelait le bois Julien, et dont la partie ouest appartenait à la famille Hansez . On y avait notamment accès par la ruelle de la Citadelle (chemin N°36 de l’atlas) et par le chemin « sous la Citadelle » (N°34 de l’Atlas), désaffecté en 1904.

 

La rue Courte doit son nom aux quelques mètres qui en font la rue la plus courte de Bastogne . Sa fréquentation est cependant inversement proportionnelle à sa longueur : elle relie en effet la rue des Remparts à la rue des Ecoles et permet un accès direct à la Place McAuliffe. Dans l’Atlas des communications vicinales (1844), elle est intégrée dans le « chemin du Carré » (place publique) à la ruelle Lamborelle » (N°59), appelé « Neuf chemin ».

Cette dénomination , qui a émergé dans l’immédiat après-guerre, en dit long sur l’inspiration qui a permis cette trouvaille. Dans la tradition orale, on parle plutôt de la ruelle Chiwy (w. rouwale Chiwi), du nom d’un riverain .

 

Le quartier de la Croix Blanche a été construit par la Petite Propriété Terrienne (aujourd’hui Société Régionale Wallonne du Logement) à la fin des années cinquante.

A la Croix Blanche est un lieu dit enregistré par le cadastre, qui a inspiré le choix du nom de la rue P. Fécherolle (1971 :58) rapporte qu’une croix en pierres blanches – qui n’a rien à voir avec la croix dressée à l’occasion d’une mission à Bastogne en 1960 – se trouvait effectivement en cet endroit : son socle est resté longtemps dans le remblai de la route d’Arlon, en face de la ferme Merche d’après des témoins oculaires.

L’existence de cette croix séculaire. L. Lefèbvre (1989 :197,216-217) la mentionne parmi celles qui bornaient les limites entre la franchise de Bastogne et les villages voisins. Au-delà de la croix blanche (encore appelée croix St Martin ou croix Ste Catherine) commençait le finage de Marvie, lequel appartenait à la mairie de Doncols.

On recommandera comme appellation officielle la dénomination « rue de La Croix Blanche » : les noms de rue n’échappent pas aux règles de la syntaxe française…

 

Le quartier de la Croix Rouge a été construit par la Petite Propriété Terrienne (aujourd’hui Société Régionale Wallonne du Logement ) à partir de 1955.

Comme pour la rue de la Croix Blanche, la rue de la Croix Rouge doit son nom au lieu-dit A la Croix Rouge (w. al rodje creû), enregistré par le cadastre . Il s’agit ici aussi d’une croix marquant les limites de la franchise de Bastogne avec le village voisin d’Hemroulle (voir LEFEBRE 1989 : 197,220), et qui était située à la route de Marche, au pied de la descente vers le domaine de Renval.

A l’endroit où l’on situe la séculaire croix rouge (souvent appelée Croix Guise), certains de nos informateurs ont encore vue une croix, laquelle aurait été édifiée pour perpétuer le souvenir d’une personne tuée par le tram . Cette croix ou ce qu’il en restait – a disparu après la seconde guerre ,lors des travaux d’élargissement de la route de Marche.

On recommandera ici encore la dénomination officielle « rue de la Croix Rouge » (sans trait d’union pour éviter une possible confusion avec l’organisme humanitaire).

 

La rue Gustave Delperdange est issue de la scission de la route de Clervaux en deux parties, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Elle couvre le tronçon allant de la place St Pierre à l’ancien pont routier sur la ligne SNCB.

Gustave Delperdange est né à Warnach (commune de Fauvillers, ancienne commune de Tintange) le 1er octobre 1911. Etabli à Bastogne, il y exploita la carrière sur les Roches . Vu cette activité, il détenait de la dynamite . Durant la guerre, il réussit, malgré les contrôles sévères, à en pourvoir la résistance par l’intermédiaire d’un Luxembourgeois qui l’acheminait vers Bruxelles. Arrêté le 24 juillet 1943, G. Delperdange fut déporté à Breendonk. Le 28 février 1944, l’Oberfeldkommandantur de Bruxelles annonce l’exécution de 20 otages en guise de représailles à un attentat perpétré contre un poste de garde allemand le 24 février de la même année. Gustave Delperdange était du nombre.

Au lendemain de la guerre, les autorités communales honoreront la mémoire de ce résistant en lui dédiant la rue qui porte désormais son nom. Elles ont choisi une portion de la route de Clervaux parce que celle-ci menait à la carrière exploitée par Gustave Delperdange. Si la dénomination s’est imposée dès l’immédiat après-guerre, l’inauguration officielle de la rue n’a eu lieu que le 16 décembre 1971.

 

La rue des Déportés, cette voie de communication est demeurée longtemps un chemin de terre . Il correspond au chemin n°21 de l’Atlas des communications vicinales, appelé « Profond chemin », dans sa portion aboutissant à la rue Gustave Delperdange (près de l’actuel abattoir) et à la première partie du chemin n°22 de l’Atlas, dit de la « Baraques Jacques » dans la portion allant de l’actuelle rue Pierre Thomas aux Jardins de Bruges. Il fut amélioré lors de la construction des maisons sociales en 1952-1954.

Cette rue doit son nom au fait qu’elle est associée au souvenir des déportés de la guerre 14-18, réquisitionnés pour le travail obligatoire en Allemagne en 1916. La tradition orale prétend que ces malheureux rejoignirent le train qui les attendait à la gare du Nord pour les mener en Allemagne en empruntant le chemin qui perpétue leur souvenir . Mais on sait (GUILLAUME : 67) que les déportés furent directement conduits du Séminaire vers la gare, au milieu d’une foule criant son indignation et sa colère . Par contre, ceux qui échappèrent à la déportation quittèrent le Séminaire par l’actuelle rue Gustave Delperdange et remontèrent vers la route d’Houffalize en passant effectivement par la rue des Déportés.

 

La rue du Doyard est une voie récente, liée au développement de l’habitat dans le triangle formé par le chemin de Sans-Souci et la route d’Houffalize.

Cette voirie doit son nom au lieu-dit : « Sur le doyard du Curé » enregistré par le cadastre, et dans lequel doyard (w.doyâr, dwayâr) correspond au fr.douaire. Cette dénomination a été adoptée par le conseil communal en sa séance du 21-12-1972.

 

La rue des Ecoles doit son nom aux établissements scolaires qui en sont proches (particulièrement les différentes sections de l’Ecole des Sœurs de Notre Dame). Cette dénomination s’est imposée dans l’immédiat après-guerre : auparavant, cette rue coïncidait partiellement avec le chemin n°47 de l’Atlas, la ruelle Lamborelle, sur le tronçon allant du Carré (actuellement place du Général McAuliffe) à la rue de la Halle.

 

Le chemin de la Fécule, cette rue terminée par un cul-de-sac se trouve du côté de la route de Neufchâteau, face au pont sur la Bovire (que la tradition orale appelle pont de la fécule) Elle est de création récente : le cadastre montre qu’un embryon de voirie apparaît en 1929, suivi de la construction des premières maisons en 1933.

En choisissant cet odonyme lors de sa séance du 21-12-1972, le conseil communal a perpétué le souvenir d’une féculerie installée à Bastogne en 1874, et que la tradition orale a toujours appelée « fécule » (w. al fécule : lu pont dol fécule : lu tch’min dol fécule). Néanmoins, cette féculerie se trouvait située sur le côté opposé (nord) de la route de Neufchâteau. Par contre, du côté sud où se trouve aujourd’hui la rue de la Fécule, la famille Lebrun-Lambotte avait installé en 1898 une briqueterie. Le passage à la postérité relève quelquefois d’une erreur historique…

 

La rue de la Fontaine, la fontaine qui a donné son nom à cette rue est un des plus anciens lavoirs publics de Bastogne. Alimentée par une source, elle a longtemps été utilisée par les habitants du pa la –y-ôt, ceux du pa lâvâ se rendant plutôt à la fontaine de l’Ange (à l’emplacement de l’actuel abattoir). Son utilisation devenant trop intensive, le conseil communal décidé de créer un nouveau lavoir public, la fontaine du parc Merceny, à la fin du 19ème siècle, alimenté cette fois par la distribution d’eau.

Cette fontaine était autrefois ornée d’un calvaire représentant le Christ entouré de la Vierge et de Saint Jean . Elle a fait l’objet d’une restauration récente de sa toiture et d’une mise en valeur des abords.

Il s’agissait d’un endroit fort fréquenté par la jeunesse de Bastogne . Jusqu’au lendemain de la seconde guerre, on y organisa des réjouissances en tout genre (bals, jeux de quille, etc), particulièrement à l’occasion de la dicâce (fête patronale)..

Cette fontaine, pour être distinguée de la fontaine de l’Ange, située dans le pa lavâ (et appelée quelquefois « fontaine d’en bas » est aussi appelée la « fontaine d’en haut » (vu la situation dans le pa la-y-ot) ou encore « fontaine Piperné » (à la suite dune confusion de toponymes), Elle a également donné son nom au lieu-dit « à la fontaine ».

Dans l’Atlas des communications vicinales (1844)

 

L'Avenue de la Gare, la ligne Libramont-Bastogne fut inaugurée le 15 novembre 1869. A ce moment, la « gare » de Bastogne n’était qu’un baraquement provisoire . Après une autre construction éphémère , l’Etat Belge fit construire la gare actuelle en 1895. La construction de l’Avenue de la Gare sera envisagée peu de temps après l’arrivée du train à Bastogne (délibération du conseil communal du 04-06-1870) et réalisée dans les années 1870.

Initialement, cette gare était un terminal. Il faudra attendre 1884 pour que soit réalisée la jonction Bastogne-Limerlé, ce qui entraîna la construction d’une nouvelle gare, au nord de Bastogne (sur un terrain cédé à l’Etat par la ville de Bastogne en 1889). Le nord ayant un sud, la gare primitive devint « Bastogne-sud ».

L’important charroi qui empruntait cette avenue va rapidement causer de sérieux problèmes aux voituriers et aux négociants, problème encore aggravés par la stagnation fréquente des eaux provenant de la fonte des neiges ou des pluies. On y créera un réseau d’égouts dès 1908 et on procédera à diverses réfections du recouvrement (constitué par des pavés jusqu’en 1931, date à laquelle le conseil communal décide de couler du tarmac sur les anciens pavés).

La création de l’avenue Mathieu permettra, outre une réduction importante du trajet à effectuer entre le centre ville et la gare, de délester l’avenue de la Gare d’une partie de son trafic.

Les variations dans la dénomination cette avenue s’expliquent par le contexte historique. D’origine anglaise, les raylwails ont d’abord imposé le mot station . la création d’une deuxième gare à Bastogne a entraîné la précision « du sud ».

 

La rue des Genêts, à défaut d’une justification officielle, il nous faut penser que cette dénomination , apparue en 1981, est un hommage rendu à ces arbrisseaux si répandus en Ardenne.

 

La rue Gérardy, cette impasse qui débouche au carrefour des Quatre-Bras, est citée dès 1844 sous la même dénomination dans l’Atlas des communications vicinales. Il s’agit du chemin N°31 , menant « de Bastogne à la prairie dite de l’étang ».

Elle est à distinguer de la dénomination officieuse ruelle Gérardy, en w ; rouwale Jèrârdi, qui désigne la ruelle prenant naissance face à l’actuel café Patton.

Cette ruelle porte très vraisemblablement le nom d’un riverain.

 

La rue Glate est déjà mentionnée sous ce nom en 1844 par l’Atlas des communications vicinales (chemin N°68, dit « ruelle de l’intérieur du village de Bastogne »). A cette époque, son tracé se limitait à la portion comprise entre la rue des Récollets et la rue du Tivoli (voir Plan de détail N°4). Une délibération du conseil communal du 21-12-1972 a décidé d’étendre cette dénomination à la ruelle à peine aménagée qui relie la rue du Tivoli à la rue de la Citadelle.

Glate nous paraît le correspondant wallon du nom propre Claude, présentant deux phénomènes bien attestés dans d’autres formes : une sonorisation de l’initiale (com. Le wallon rin.ne glôde, fr reine-claude) et un assourdissement de la finale. La voyelle –a-, au lieu du –au- , impliquerait toutefois une prononciation (a :) laquelle n’est pas ou plus attestée aujourd’hui. Mais il est possible que cet abrègement soit précisément causé par la graphie.

Comme dans le cas d’autres ruelles, Glate (ou mieux Glade) serait le nom d’un riverain.

 

La rue de la Halle, la halle de Bastogne, dont la construction remonte probablement à la première moitié du 14ème siècle, occupait la majeure partie de la rue qui porte son nom. Une des ses façades donnait sur la rue du Sablon, l’autre se trouvait du côté des Remparts. On y faisait principalement le commerce du blé, et, accessoirement, elle servait de lieu de détente.

Cette dénomination est déjà présente en 1844 dans l’Atlas des communications vicinales (chemin N°49 menant de « Bastogne aux Remparts »). La tradition orale a retenu les dénominations wallonnes rouwale dol hale, ruelle de la Halle » ou rouwale dol pètite tchapèle « ruelle de la petite Chapelle », à côté d’autres empruntant le nom d’un riverain : rouwale Bleurot « ruelle Blerot » ou encore rouwale d’amon Jorje « ruelle de chez Georges ».

 

Le chemin Hansez a été longtemps une « servitude » reliant la rue Claude de Humyn à la Villa Eole, propriété de la famille Hansez (en face de la gendarmerie à la route de Marche).

Hansez est la patronyme d’une feuille de notables bastognards, dont l’un des membres, Jean-François HANSEZ, fut bourgmestre libéral de Bastogne vers le milieu du 19ème siècle (jusqu’à sa mort survenue en 1868) . A une époque plus récente, cette famille se consacra au commerce d’alimentation.

Le chemin Hansez est à distinguer de la ruelle Hansez (dénomination traditionnelle de la rue de Beaumont).

 

La rue des Hêtres est de des plus récents odonymes de Bastogne ; Il a remplacé la dénomination « chemin de Mont » qui pouvait entraîner des confusions – notamment dans le service postal- avec le village de Mont.

Le choix d’une « rue des Hêtres » a été ainsi justifié par le conseil communal en sa séance du 1-10-1990 : « il existait le long de cette voirie une plantation de hêtres qui a disparu suite à plusieurs aménagements ».La Commission royale de toponymie et de Dialectologie, sensible à cette argumentation sylvestre, a approuvé cette dénomination le 04-02-1991.

 

La rue des Jardins, à l’arrière des maisons de la rue du Vivier dans le pa lâvâ , est bordée par des jardins qui épousent le tracé de l’ancien rempart de la ville, à son côté sud, en direction de la Porte de Trèves. Autrefois, il longeait, non pas les habitations, mais les écuries installées à l’arrière de la rue du Vivier.

Cet odonyme est relativement récent – il apparaît au lendemain de la seconde guerre mondiale – mais le registre de population de 1847 fait déjà mention du lieu-dit « dans les jardins » .

 

La rue Leclerc au tracé angulaire, à l’arrière de la cité administrative, n’a guère laissé de traces dans les documents officiels ou dans la tradition orale. Une attestation importante toutefois, dans l’Atlas des communications vicinales (1844), qui cite la ruelle Leclerc (N°57) avec l’édifiante mention « à l’intérieur du village de Bastogne »

Sans doute porte-t-elle le nom d’un riverain, dont la graphie n’est même pas assurée. Faut-il l’associer à ce Jean Lecler, né à Bastogne le 26-07-1797, et désigné comme garde champêtre de la ville de Bastogne en 1843 ?

 

La rue Lejeune, nous avons affaire à une ruelle bien discrète, oubliée de la tradition orale, mais déjà présente en 1844 dans l’Atlas des communications vicinales qui cite « ruelle Lejeune » (chemin N°37), laquelle, au départ du chemin de Marvie (actuelle rue de la Californie),mène au jardin Boever.

 

L’Avenue Léopold III désigne la rue parallèle à l’Avenue Astrid, toute deux constituant la voirie du quartier construit dans les années 30 par la Société Nationale des Habitations à Bon Marché, à destination des sous-officiers des Chasseurs Ardennais casernés à Bastogne.

 

Le Thier de Luzery est une partie du quartier construit du côté est de la route d’Houffalize, au lieu-dit qui porte le même nom, dans les années septante.

Le lieu-dit « Thier de Luzery » (w ; tchèr du Luzri) est attesté depuis longtemps dans les documents et est repris sous cette forme par le cadastre . Luzery est le nom d’un village proche ; J.Feller (dans le Bulletin de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie, 7 (1933), p. 105), rattache ce toponyme à la famille française Osier. Quant à thier, il s’agit d’une francisation du wallon tchèr, qui désigne un chemin escarpé, une côte assez raide . Le thier de Luzery mérite bien son nom puisqu’il culmine à une altitude de 525 m.

 

La Place du Général McAuliffe, cet odonyme a remplacé la dénomination traditionnelle « le Carré » au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le registre de population pour la période 1932-1947 porte déjà une surcharge en rouge « Mac Auliffe » (sic) barrant l’appellation traditionnelle.

Antony McAuliffe (1898-1975) est un Américain d’origine irlandaise. A la tête des soldats de la 101ème Airborne, il défendit Bastogne encerclée lors de l’Offensive des Ardennes. C’est lui qui prononça le célèbre « Nuts ! » en réponse à l’ultimatum allemand, expression qui eut le succès que l’on sait dans la Nuts City .

Un buste du Général McAuliffe, sculpté par Mademoiselle Silvercruys se trouve sur la place, à côté d’un tank américain qui avait été mis hors de combat le 2 janvier 1945 à Renuammont près de Recrival) . McAuliffe en personne a assisté à l’inauguration de ce buste, en 1950. On rapporte que, découvrant son patronyme quelque peu malmené – qu’aujourd’hui encore de nombreux Bastognards écrivent Mac auliffe-, il eut le bon goût de sourire…

 

Le chemin des Maies a des origines séculaires : son tracé épouse partiellement celui de la chaussée romaine Reims-Cologne.  Sans doute ce passé prestigieux a-t-il impressionné les conseillers communaux lorsqu’à l’occasion d’une réunion le 17 avril 1928 – époque à laquelle le chemin des Maies , en face de la sortie de l’école du Mardasson . Dans les années cinquante, une nouvelle série de constructions (« habitations ouvrières » d’après une délibération du conseil communal du 06-04-1950) est entreprise par la Société nationale des habitations à Bon Marché (section régionale de Bastogne), celle-là même qui a déjà construit le quartier des rues Astrid et Léopold III, ainsi que la cité de la rue des Tilleuls.

Mais les demandes émanant des ménages démunis excéderont le nombre de maisons disponibles. Pour les satisfaire, il faudra entreprendre, peu de temps après, la construction de la cité de la rue des Tilleuls.

Mais les demandes émanant des ménages démunis excéderont le nombre de maisons disponibles. Pour les satisfaire, il faudra entreprendre, peu de temps après, la construction de la Cité Lallemant.

L’atlas des communications vicinales (1844) citait déjà le chemin « Derrière les Maies » (chemin 23), en précisant qu’il menait de Bastogne à la chapelle Saint-laurent . Cet odonyme a été emprunté au lieu-dit « Derrière les maïs » dans une délibération du conseil communal du 06-09-1871. Le wallon mây (fr.mai ; voir FEW 6/1, 62b) s’applique aujourd’hui aux arbres décorés que l’on dresse à l’occasion des processions liturgiques ou de certaines réjouissances (cf « arbre de mai »). Il a pu désigner autrefois une variété d’arbre particulière.

Signalons que l’Atlas des communications vicinales fait également mention d’une « ruelle de Maies » (chemin N°35), comprise pour l’essentiel entre la rue de la gueule de Loup et la rue de la Californie (ancien chemin de Marvie), et qui correspondrait partiellement à l’actuelle rue des Tilleuls (voir Plan de détail N°3). Les deux quartiers de Bastogne avaient donc « leurs » maies !

 

La rue de la Maison Forte était une demeure fortifiée datant probablement de l’époque carolingienne, où elle fut peut-être édifiée sur les vestiges d’un burgus du Bas-Empire. Cette forteresse était protégée par un rempart (un mur d’environ 2 m d’épaisseur et d’une hauteur de 6 à 7 m) et entourée par un large fossé. Elle abrita un atelier monétaire et fut, durant des siècles, la résidence officielle des maires héréditaires de Bastogne.

Son passé récent est moins glorieux. En 1924, le Cercle catholique dévolut une partie de la maison à des activités de détente. On y vit un café, un cinéma, des jeux de quilles, un tir à l’arc… Durement touchée lors de l’Offensive des Ardennes, elle disparut au début des années 60,, à l’exception d’un dernier vestige – l’ancienne poudrière- qui subit néanmoins le même sort en 1979. La ville a fait construire sur son emplacement L’Ecole Technique communale.

 

Le chemin de Musy épouse partiellement le tracé de la chaussée romaine Reims-Collogne ; Celle-ci, d’après L. Lefèbvre (1989 : 153), entrait dans Bastogne par le chemin de Musy, empruntait le « chemin des Humains » , puis le chemin des Maies, pour se diriger ensuite vers le Pont-de-Pierre . Il menait anciennement à Sibret, comme l’indique l’Atlas des communications vicinales (chemin N°3).

Musy est le nom d’un village disparu dans le courant du 17ème siècle, qui était localisé entre Villeroux et Chenogne. Il désigne aujourd’hui encore un écart de l’actuelle commune de Vaux-sur-Sûre (anciennement commune de Sibret).

 

La rue Maître Nicolas est déjà mentionnée en 1844 par l’Atlas des communications vicinales sous la même dénomination. Elle comporte trois parties (chemin N°40, 41 et 42), dont l’ensemble correspond au tracé actuel. A l’époque, elle donnait accès à des jardins appartenant aux familles Touchèque, Tosquinet et Nadin.

Cet odonyme a été retenu officiellement par le conseil communal en sa séance du 21-12-1972. Il fait référence au lieu-dit enregistré par le cadastre « A la Chapelle Maître Nicolas » Ladite chapelle a disparu depuis des temps immémoriaux et la tradition orale n’a rien conservé du nom qui lui est associé. Dans l’Atlas des communications vicinales (1844), trois chemins sont repris sous ce nom (N°40,41 et 42), qui correspondent à trois parties du tracé actuel de cette rue. Voir aussi ruelle Tosquinet.

On est donc réduit à des conjectures quant au personnage concerné ici. P. Fécherolle (1971 :57) prétend que la chapelle a été bâtie par un Trinitaire et ajoute que le fondateur de cette chapelle pourrait être le ministre Trinitaire Nicolas Loquette (1507) qui faisait partie des « hommes des dîmes » de l’église paroissiale. L . Lefèbre (1989 :344) mentionne à la même époque un ministre des Trinitaires Nicolas Cruquet ou (Crouquet), nommé le 3 juin 1502.

 

La rue du Parc a été créée sur l’emplacement d’un chemin longeant le lavoir public installé au parc Merceny dès la fin du 19ème siècle, chemin dont il est question dès 1912 dans une requête des habitants du chemin d‘Assenois et de la route d’Arlon, réclamant son élargissement et son aménagement (Conseil communal du 27 avril 1912). Le registre de population pour les années 1921-1931 fait état des modestes débuts de cette rue pour laquelle, à l’époque, seule une modeste roulotte était recensée comme habitation. Il faudra attendre les années d’après-guerre pour que ce quartier en bordure du parc Merceny connaisse un réel développement.

 

La rue de la Pépinière, les archives communales ont conservé la trace d’une dépêche du gouverneur de la province du Luxembourg, datée du 08-05-1849, et concernant l’établissement d’une pépinière de l’Etat sur le territoire de Bastogne. Le 19-06-1849, le conseil communal accepte de donner à l’Etat l’usufruit d’un terain d’une contenance d’un hectare, « situé au lieu-dit thier d’islelaesse et à proximité de la grande route allant sur Bruxelles » .

L’actuelle rue de la Pépinière est bien éloignée du Thier d’Isle-la-Hesse. Faut-il en conclure que la localisation initiale n’a pas été respectée ? Ou qu’il n’y a pas de rapport entre la rue de la Pépinière et la pépinière d’Isle-la-Hesse ?

 

Le quartier de la Petite Bovire se développe depuis la fin des années 70 au sud du Chemin de Musy.

Cet odonyme a été retenu par le conseil communal en sa séance du 21 avril 1978. Il fait référence au lieu-dit "« La Petite Bovire », enregistré par le castre cité sous la forme « petite bovierre » dans l’Atlas des communications vicinales (1844) à propos du chemin N) 73 et qui correspond au wallon al bovîre. Ce même lieu-dit a donné son nom à la Bovire, le ruisseau qui rejoint la Wachenaule à la route d’Arlon pour former la Wiltz.

 

La rue des Petits Enclos, cette voirie dessert un lotissement qui a vu le jour à la fin des années 60 sur un emplacement occupé autrefois par la pépinière Colart-Mertz.

Cet odonyme a été proposé par le propriétaire du lotissement, Hubert Colart, dans une lettre adressée aux autorités communales le 14 mai 1969. Il fait référence au leiu-dit « a Petit Enclos (cadastre),. Le conseil communal avisera cette proposition en sa séance du 07 octobre 1969.

 

La rue des Petits Lutins, même l’odonymie a ses contes merveilleux. Cette ruelle de quelques mètres entre la route de Neufchâteau et le chemin d’Assenois s’était longtemps contentée d’une dénomination véhiculée par la tradition orale : la ruelle Gravet. Jusqu’au jour béni du 7 octobre 1969 où elle entra dans l’histoire officielle de Bastogne, grâce à la lettre d’un riverain, René Louis, demandant qu’un nom soit donné à cette rue qui passait à côté de son magasin. Il obtint gain de cause et sa proposition d’une « rue des Petits Lutins » enchanta les conseillers présents.

Les Petits Lutins ne sont pas les esprits espiègles qui ont influencé les conseillers, mais bien les enfants constituant la branche cadette du scoutisme féminin. Ceux de Bastogne se sont réunions plusieurs années dans un local appartenant …à M. Louis.

 

La rue du Pont d’Assenois était autrefois une « servitude » des établissements Materne (négociant).

Cet odonyme récent, retenu par le conseil communal en sa séance du 21-12-1972, fait référence au « pont d’Assenois », qui enjambe la Bovire au chemin d’Assenois et auprès duquel aboutit la rue qui porte son nom.

Dans la tradition orale, ce chemin s’appelle la ruelle Laval, du nom d’un riverain.

 

La rue du Porche, cette ruelle, dont on ne trouve pas mention dans l’Atlas des communications vicinales (1844), a connu dans l’entre-deux-guerres une animation inversement proportionnelle à ses dimensions, grâce notamment à un groupe appelé « les gars du Porche », qui s’était constitué un répertoire théâtral de qualité. Durant le seconde guerre, il donna même des représentations au profit des prisonniers de guerre en Allemange. Dans la tradition orale wallonne de l’entre-deux-guerres, elle est appelée rouwale do Porche, dénomination qui a supplanté dans l’usage celle, plus ancienne, de ruelle Mangers.

Elle doit son nom à un porche, aujourd’hui disparu, qui, à la fin du 19ème siècle, donnait accès au magasin Delferrière (négociant en graines), devenu ensuite propriété Hansez, puis propriété Poste Fraselle. Une confirmation nous est donnée par une délibération du conseil communal du 10-07-1916, qui décide de prolonger l’égout existant sous le proche de la maison Hansez jusqu’à la maison Lesgardeur (sise à la rue du Sablon).

 

La Place de la Porte de Trèves, dans le système défensif de Bastogne, deux portes donnaient accès à la ville : la porte Haute et la Porte Basse. La Porte Basse, située dans le bas de la ville, est une tour carrée d’environ 8 mètres de côté et de 17 mètres de haut. Elle subsiste dans son architecture originale, à l’exception de la toiture, autrefois pyramidale, mais dont la forme actuelle respecte une restauration datant de la fin du 18ème siècle. Percée de part en part, elle pouvait être fermée par une énorme porte en chêne et une herse dont la glissière est toujours visible.

Jusqu’au 19ème siècle, elle sera appelée « Porte Basse » ou « Porte de Marvie » ou encore « Porte du Moulin » (à cause du moulin banal installé à proximité) (LEFEBVRE 1989 : 278). Après la destruction des remparts, elle sera utilisée comme cachot jusqu’à la guerre 14-18. Cela lui vaudra, dans la tradition orale, la dénomination de « vieille prison ». Entre les deux guerre, elle fut même habitée.

La Porte Basse n’a été appelée « Porte de Trèves » que dans le courant du 19ème siècle. Sans doute peut-on associer cette dénomination au « grand chemin » reliant Bastogne à Trèves via Esch, empruntant l’ancien chemin de Mont, puis gagnant le Grand-Duché en passant par Wardin et Bras.

La place de la Porte de Trèves est une dénomination française « Sous l’Eglise ». Dans l’entre-deux-guerres, la dénomination « Place du Vivier » apparaît dans le registre de la population des années 1921-1931, où elle est cependant surchargée par « rue Porte de Trèves ».

 

La rue du Puits des Bois, jusqu’au lendemain de la guerre 40-45, il était question du quartier du Puits des Pois (en wallon : lu pu’s dès pwès ; voir rouwale do pus’ dès pwès). Celui-ci s’étendait de part et d’autre de la grand-rue, approximativement délimité par la rue de la Citadelle et la rue du Tivoli. Sinistré durant l’Offensive des Ardennes, ce quartier a vu sa physionomie profondément modifiée à l’occasion des travaux d’aménagement envisagés dès 1946, approuvés par le conseil communal le 08-04-1948, mais qui devront attendre 1952 pur être entamés.

Lorsqu’elle donnait encore accès à la grand-rue côté Sablon, cette ruelle portait le nom de ruelle Cognaux, dénomination qui avait supplanté celle de ruelle Kleines.

Cette impasse, qui débouche aujourd’hui sur la rue Jean Beck, doit son nom à l’un des puits publics qui alimentait en eau le quartier, et que l’Ancien situe en face de l’actuel N°130 de fla rue du Vivier. L’eau de ce puits, prétend la tradition orale déjà relayée par LAYON (1879 : 26), était particulièrement indiquée pour la cuisson des pois.

 

La rue des Quatre-Bras, initialement, la dénomination « Les Quatre-Bras » désignait le quartier proche du carrefour où se croisent la rue de a Californie (ancien chemin de Marvie), la rue de la Chapelle, le chemin qui menait à la Porte de Trèves et la rue des Hêtres (ancien chemin de Mont). Ce toponyme est présent dès 1847 dans les registres de population.

L’actuelle rue des Quatre-Bras a été aménagée sur l’ancienne digue du vivier.

C’est à cette époque récente que l’on a donné le nom de rue des Quatre-Bras à la voirie comprise entre la Place de la Porte de Trèves et le carrefour des Quatre-Bras . Auparavant, on parlait plutôt de chemin de Marvie (N°6 dans l’Atlas des communications vicinales), odonyme qui apparaît encore dans le registre de population des années 1948-1963, mais surchargée par la dénomination actuelles.

 

La rue des Récollets, c’est à l’instigation de Claude de Humyn que les Récollets, Franciscains réformés, se sont installés au 17ème siècle dans la seigneurie de Chanteraine, sur un terrain cédé par les Trinitaires qui en étaient seigneurs fonciers . LEFEBRVRE (1954 :326-330) rapporte que, dès 1625,un bâtiment en torchis est érigé pour abriter un réfectoire et une cuisine. Les grands travaux d’aménagement du couvent et de la construction de l’église conventuelle seront terminés en 1652.

La petite communauté de départ (9 personnes) connut un rapide accroissement : en 1678, elle comptait 26 religieux prêtres et 6 frères convers. Elle déclina cependant à la fin du 18ème siècle, pour se limiter à 17 membres au moment de la suppression du couvent à Bastogne. La mission principale des Récollets était la « nouvelle évangélisation » d’une région déchristianisée. Ils prêchaient, entendaient les confessions, administraient le catéchisme et secouraient les plus démunis. Ils prêchaient, entendaient les confessions, administraient le catéchisme et secouraient les plus démunis ; Ce qui fit écrire au conseiller Mathelin dès 1665 : « dès que les Récollets virent, (…) par une heureuse métamorphose, de demi-brutes qu’ils étaient, les habitants de Bastogne devinrent des hommes ».

Entourés de la sympathie de la population, les Récollets échappèrent aux réformes de Joseph II, mais ne purent résister à la tourmente révolutionnaire qui mit fin à leur existence en 1796 et sécularisa leurs biens. Devenue entrepôt public, comme le montre une délibération du conseil communal du 09-03-1853, l’église fut abattue en 1930. L’ancien couvent a été partiellement démoli, affecté à des fins commerciales et transformé en maisons particulières. La façade de l’une des maisons donnant sur la rue Chanteraine (côté Nord du couvent) est toujours ornée d’un saint François « à la brebis » (patron des Récollets), qui surmonte la porte d’entrée.

Avant de recevoir une dénomination autonome, la voirie qui passait devant le couvent des Récollets était confondue avec le  « Neuf Chemin » (N°17 de l’Atlas des communications vicinales), lequel menait au lieu-dit « A la Gueule du Loup ». La dénomination actuelle s’imposera dès 1847, dans les délibérations du conseil communal et dans les registres de population.

 

La rue des Remparts, lors de l’affranchissement de Bastogne par Jean l’Aveugle en 1332, seul le bas de la ville était pourvu d’une enceinte. Les bourgeois de la ville seront contraints d’agrandir et d’entretenir à leurs frais ces fortifications ; Le tracé des remparts peut être reconstitué comme suit. Au départ du « Trou des chevaux » (à la jonction entre la rue Sur les Bords d’Eau et la rue de la Porte Haute), ils suivaient la rue de la Porte Haute et l’actuelle rue Lamborelle, traversaient l’actuel Hall des sports de l’Institut Notre-Dame, suivaient la rue des Remparts, franchissaient la rue Pierre Thomas près de la gare du Nord, passaient dans la cour de récréation du Séminaire, descendaient à l’est de la Maison Mathelin, obliquaient le long du Vivier, et longeaient Chanteraine jusqu’au « Trou des chevaux » ;

Le rectangle ainsi formé avait, en suivant l’axe de la grand-rue, près d’un kilomètre de long : la largeur du côté de la Porte Haute était d’environ 341 mètres et celle du côté de la Porte haute était d’environ 341 mètres et celle du côté de la Porte Basse d’environ 155 mètres ; Ces remparts, épais de plusieurs mètres, étaient percés de meurtrières, de mâchoulis, et surmontés de créneaux. Ils étaient également pourvus de deux portes donnant accès à la ville, la Porte Haute et la Porte Basse, ainsi que d’une vingtaine de tours qui rendaient plus aisée la défense de la ville.

A l’extérieur des murailles courait un fossé large d’une dizaine de mètres, rempli d’eau à certains endroits (notamment du côté du Vivier et près de la Maison Forte).

Lorsque les Français se replièrent en 1688, ces remparts subirent quelques dégâts. Faute d’entretien, ils se délabrèrent progressivement, aidés par les Bastognards qui en démantelaient certaines parties pour récupérer les pierres . Les tours s’effondrèrent les unes après les autres dans le courant du 18ème siècle, la Porte Basse étant le seul vestige à parvenir jusqu’à nous.

La rue des Remparts épouse le tracé des fortifications de la ville à cet endroit. Ce quartier est désigné dans la tradition orale wallonne par l’appellation s’lès remparts, « sur les remparts ».

 

Le chemin de Renval a connu les premiers développements de son habitat dans les années soixante . Elle aboutit au domaine de Renval, propriété privée mise sous séquestre au lendemain de la seconde guerre mondiale , et achetée par la commune en 1949 (Conseil communal du 31-08-1949). Elle abrite aujourd’hui un complexe sportif et des infrastructures pour l’accueil des touristes .

Le chemin de Renval est une portion de l’ancien chemin qui menait de Bastogne à Hemroulle (n°12 dans l’Atlas des communications vicinales, dénommé « chemin des morts »).

La forme wallonne actuelle est ranvâ. Le cadastre a enregistré la forme « Renval ».

 

Le chemin des Roches, autrefois, le lieu-dit « Sur les Roches » était un endroit fort apprécié par les Bastognards. De cette éminence rocheuse, la vue sur la ville et ses environs était imprenable et le relief accidenté du terrain se prêtait à bien des divertissements . Les parents tempéraient quelquefois les audaces de leurs enfants en leur racontant que les anfractuosités abritaient des nûtons, bénéfiques pour les êtres humains, mais entourés d’un mystère qui rendaient circonspects les plus hardis.

Depuis l’entre-deux-guerres, ce site est exploité comme carrière. Les quelques nûtons qui auraient pu encore s’y trouver ont fui depuis belle lurette devant le fracas des explosions.

Le toponyme « Sur les Roches » (en wallon : s’les rotches), enregistré sous cette forme par le cadastre, a donné son nom au chemin qui mène à la carrière sur les roches et qui se prolongeait ensuite vers le petit moulin.

 

La Grand-Rue de Bastogne comporte deux sections : la rue du Sablon (côté Nord) et la rue du Vivier (côté Sud). Cette coquetterie odonymique a des origines séculaires : les deux quartiers ont connu une histoire partiellement distincte, dont certaines conséquences se sont fait sentir jusqu’à une époque récente.

Le quartier du Sablon appartenait originellement au domaine de Notre-Dame d’Aix. terre ecclésiastique, elle sera favorable à l’établissement de marchands et d’artisans. Dès 887, le marché qui se tient dans ce quartier est cité par les documents et cette activité commerçante ira croissant, faisant de cette partie de la ville une véritable agglomération où les bourgeois jouissent de nombreux privilèges. LEFEBVRE (1989 :109) estime d’ailleurs qu’elle deviendra une franchise dès la première moitié du 13ème siècle.

Le rachat du domaine d’Aix par Jean l’Aveugle (1132) va unifier les deux quartiers de la ville, dorénavant propriétés du comte de Luxembourg. Ce fait politique favorisera le développement de l’ensemble de la ville, mais sera particulièrement bénéfique pour les habitants du Sablon. Ceux-ci conserveront longtemps des privilèges qui les favorisaient par rapport à leurs concitoyens du Vivier.

Pour illustrer cette disparité à une époque récente, citons cet extrait des délibérations du conseil communal du 27-09-1867 : « Bastogne se compose de deux sections dont l’une, la rue du Sablon, est affouagère dans la Forêt de Freyr et jouit d’un revenu annuel d’environ 5000 F ; l’autre section, la rue du vivier, ne possède aucune ressource et se voit dans la dure nécessité de recourir chaque année à une imposition sur les habitants pour couvrir les dépenses ordinaires ». Plus près de nous encore, le 22-12-1906, le conseil communal décide d’établir le nouvel impôt sur la base du revenu cadastral, solution jugée plus équitable car « en établissant un rôle d’imposition basé sur la contribution personnelle et le droit de patente, les habitants de la rue du Vivier se trouveraient dans un état d’infériorité vis-à-vis de leurs concurrents de la rue du Sablon et se verraient lésés dans leurs intérêts ».

L’antagonisme était encore perceptible à la veille de la première guerre mondiale, lorsqu’à l’occasion d’une discussion portant sur une majoration du taux des additionnels pour l’année 1913, le conseil communal estime ‘qu’il est dérisoire de vouloir parler à nouveau de comptabilité et d’élections sectionnaires alors que la rue du Sablon est toujours largement venue en aide à la ville et qu’elle nourrit encore actuellement les meilleurs intentions vis-à-vis de la rue du Vivier » (conseil communal du 13-08-1912).

Le quartier du Sablon et la rue qui perpétue son souvenir doivent leur nom à l’extraction de sable dans la colline partant du cimetière actuel, se dirigeant vers le parc des Sœurs de Notre-Dame pour aboutir à la route de Marche du côté de Renval. La toponymie a conservé jusqu’à aujourd’hui le « thier du sablon », enregistré le cadastre (w. tchèr do sâblon), à rapprocher de « gros terme à savelon » dans un document de 1483. Ce sable , précise L.Lefèbbre (1954 : 290-293) a joué un rôle important dans la construction, l’entretien et la réfection des murailles de la ville.

 

La Place Saint Pierre a connu de profondes modifications dans son architecture lors de la construction de la route de Clervaux en 1867-1868 (voir route de clervaux) ; Avant cette époque, l’ancien cimetière paroissial (en wallon : l’ête) occupait la majeure partie de cette place.

Cette place porte le nom de l’église paroissiale dédiée, comme les plus anciens édifices religieux, à St Pierre. Monument classé en 1938, il représente un des joyaux du patrimoine architectural de notre pays. Bâtie sur l’emplacement d’un sanctuaire remontant au 8ème siècle, elle a conservé sa tour-donjon, édifiée au 11ème siècle et modifiée dans le courant du 12ème siècle . Son architecture est celle de l’église- halle, qui se rattache au style rhénan. Elle possède une remarquable voûte polychrome, datée de 1536,œuvre d’un artiste de la région, Renadin de Wicourt . Plusieurs éléments du mobilier méritent également le déplacement. Citons entre autres la chaire à prêcher du 18ème siècle, due au talent de Jean-Georges Scholtus ; l’autel roman du 11ème siècle ; les fonts baptismaux, dont la cuve date du 12ème siècle, et qui sont ornés d’un dôme réalisé en 1941 par Pierre Scholtus ; la couronne de lumière, suspendue au milieu de la nef centrale, datant de la fin du 15ème siècle, et qui sont ornés d’un dôme réalisé en 1941 par Pierre Scholtus ; la couronne de lumière, suspendue au milieu de la nef centrale, datant de la fin du 15ème siècle ou du début du 16ème siècle ; une belle mise au tombeau du 16ème siècle ; un autel de la Vierge sculpté par Walther Pompe (18ème siècle) ; des vitraux contemporains conçus par Maurice Rocher (pour le chœur) et par Louis-Marie Londot (pour la rosace de la tour ; assisté d’Armand Romainville, pour les nefs).

Et pour ceux que ces merveilles éblouissent, le cadre plus intime du « spais trou » (w ; spès trô « trou où l’obscurité est épaisse ») sera un havre accueillant…à moins que les mânes de feu le Doyen Gavroy ne les invitent fermement à gagner les premiers rangs de l’assemblée !

 

La rue Saint-Pierre, qui relie la rue des Remparts à la Place Saint Pierre, n’a reçu ce nom qu’à une époque récente : il apparaît dans le registre de population 1932-1947 en surcharge du nom véhiculé par la tradition orale, la ruelle Lifrange (w. rouwale Lîfrange). Une autre appellation traditionnelle, qui s’est imposée durant l’entre-deux-guerres, est celle de ruelle Lecomte (w ; rouwale Leucomte).

 

Le chemin de Sans-Souci est l’ancien chemin (n°10) menant de Bastogne à Compogne, mentionné dans l’Atlas des communications vicinales (1844) sous la dénomination « chemin du doyard » (à ne pas confondre avec l’actuelle rue du doyard). C’était notamment la route empruntée par les transporteurs de minerai de fer venant des forges du sud de la province pour se rendre dans le pays de Liège ; D’où son nom ancien de tchumin dès fiers, litt. « chemin des fers » , que la tradition wallonne a conservé . LAYON 51879/50) parle du « chemin de Compogne ou de Barvaux ou des fers ou encore du doyard »

Ce chemin mène au lieu-dit « Sans souci », propriété du Petit Séminaire de Bastogne qui y établi des terrains de football utilisés par les élèves de l’établissement. Le choix du nom Sans-Souci paraît relativement récent. On n’en trouve pas mention dans l’Atlas des communications vicinales, mais le registre de population couvrant les années 1932-1947 signale Sans-Souci comme un hameau. Il pourrait s’agir d’une création de clerc, en référence au Sans-Souci construit pour Frédéric II près de Postdam.

 

La rue Jean-Georges Scholtus fait partie d’un lotissement créé dans les années soixante par la S.A hypothécaire anversoise, à la même époque que ceux de l’avenue Olivier et de la rue des Chasseurs Ardennais.

Cette rue perpétue la mémoire d’un artisan-sculpteur du 18ème siècle, Jean-Georges Scholtus. Sans douté né vers 1680 dans le nord de l’actuel Grand-Duché de Luxembourg, il s’est établi à Bastogne au début du 18èmùe siècle et y est décédé en 1754. Il s’est illustré par des mobiliers d’église que l’on retrouve à bastogne et dans toute la région (Rachamps, Wicourt, Tavigny, Beho, Villers-la-Bonne-Eau) . On lui doit notamment la remarquable chaire à prêcher de l’Eglise Saint – Pierre et de levant de l’autel de la chapelle de Notre-Dame de bonne Conduite.

Au moment du choix du conseil communal, le 28-07-1970, Jean-Georges SCHOLTUS a eu raison d’un adversaire redoutable : le général Mercks, commandant du proposé aux suffrages des conseillers. Par contre, l’avenue qui lui était destinée s’est au fil du temps, transformée en une simple rue. Le maître sculpteur a eu le triomphe modeste.

 

La rue des Scieries coïncide avec le début du chemin menant autrefois de Bastogne au Bois d’Hazy, puis de là à Salvacourt. C’est d’ailleurs la dénomination « chemin du Bois d’Asie » (N°) que l’Atlas des Communications vicinales a enregistrée pour cette voirie . Quant à la dénomination actuelle, elle n’est citée dans les registres de population qu’à partir de l’année 1948.

Les scieries dont il est question ici appartenaient respectivement aux familles Kuborn et Agnessen. La scierie Agnessen a brûlé en 1939 ; quant à la scierie Kuborn, qui fonctionnait avec l’eau de la Wiltz, elle a périclité après la seconde guerre mondiale.

Dans la tradition orale de l’entre-deux-guerres, cette rue n’est désignée sous le nom de ruelle Agnessen.

 

La rue Pierre Thomas désigne la première partie de la route d’Houffalize, jusqu’à l’endroit où prend naissance le chemin de Sans-Souci.

Cette rue perpétue, dès le lendemain de la guerre 40-45, la mémoire de Pierre Thomas (1914-1943). Garde-convoi de la S.N.C.B., Pierre Thomas appartenait au Corps des Agents de Renseignements et d’Action. Arrêté par la Gestapo, le 2 mai 1943 à 6h30, au retour de son service, il est transféré à la Citadelle de Liège. Comme Joseph Renquin et d’autres membres du réseau, il est accusé d’avoir rassemblé et fourni des renseignements d’ordre militaire sur le passage des troupes, les effectifs des garnisons, les emplacements des pièces de D.T.C.A., les plans de champs d’aviation. Les efforts conjugués du roi, de la reine Elisabeth, de la princesse Marie-José et même du Vatican pour obtenir leur grâce resteront vains. Il sera exécuté avec ses amis le 31 mai 1943.

La maison familiale de Pierre Thomas se trouvait à la route d’Houffalize, dans la portion qui porte actuellement son nom. Si la dénomination s’est imposée dès l’immédiat après-guerre, l’inauguration officielle de la rue n’a eu lieu que le 16 décembre 1971.

 

La rue des Tilleuls, cette voirie dessert une cité construite par la société des H(abitations) à B(on) M(arché) à proximité du chemin de Marvie au début des années cinquante, l’ensemble des maisons étant terminé en 1952. Une requête des riverains, datée du 22-10-1969, avait demandé aux autorités communales que l’on valorise l’existence de ce quartier formant un ensemble infdépendant des habitations bordant le chemin de Marvie ( l’actuelle rue de la Californie). D’où le choix d’un odonyme particulier pour cette voirie, retenu par le conseil communal en sa séance du 28-07-1970.

Le choix du conseil communal, comme en d’autres circonstances, est anticipatif : la rue des Tilleuls doit son nom à une solennelle déclaration d’intention selon laquelle « des plantations (de tilleuls) seront effectuées dès que possible » (CC 28-07-1970). Les tilleuls promis se sont fait quelque peu attendre et l’avenue s’est transformée en une simple rue.

 

La rue du Tivoli, dans sa configuration actuelle, est assez éloignée de la réalité d’antan. Si l’Atlas des communications vicinales n’a pas retenu ce nom, on relève, dans une délibération du conseil communal en 1898, la mention d’un chemin « allant du trou des quennes au Tivoli ». Le registre de popultion mentionne Tivoli (ou Tivoly) dès 1902.

A cette époque, il ne s’agissait pas d’une simple rue mais d’un véritable quartier qui englobait, outre la rue du Tivoli, l’actuelle rue du Vieux Moulin. En témoignent les nombreuses surcharges apportées tardivement dans le registre de population des années 1932-1947 (sans doute après la guerre 40-45), dans lequel un nombre important de maisons appartenant à la rue Trivoli sont rattachées à la rue du Vieux Moulin. Un autre indice est la carte postale reproduite ci-après (voir fig. 6) dont la légende originale est « rue du Tivoli », alors que la vue porte essentiellement sur une portion de l’actuelle rue du Vieux Moulin.

L’actuelle rue du Tivoli est également connue sous les dénominations « ruelle Gorret » (Atlas des Communications, chemin n° 56) ou « rouwale Jean-Remi » (l’ANCIEN°.

Tivoli est un de ces noms d’origine étrangère (comparez Sébastropol, Trianon) qui s’est répandu en Wallonie et à Bruxelles, généralement pour être associé à des lieux de détente ou de plaisir. Dans le cas de Bastogne, la tradition rapportée par l’ANCIEN (Dimanche n° 34 du 09-09-1962) fait du Tivoli vers 1878 un grand jardin avec des jeux de quilles et une buvette. Plus tard il deviendra un café, à l’emplacement actuel n° 3 de la rue qui porte son nom.

C’est ce Tivoli qui a donné son nom à la rue, et non l’inverse. D’où la forme originelle «rue DU Tivoli », qu’on préférera à sa variante « rue DE Tivoli », qui ferait plutôt référence au nom de la ville italienne.

 

La rue des Trinitaires comprend non seulement la voirie allant de la rue des Brasseurs à la rue des Remparts, mais également la ruelle traditionnellement dénommée ruelle Decker.

La rue des Trinitaires est une dénomination qui s’est imposée au lendemain de la seconde guerre mondiale. Auparavant, la tradition orale, reprise dans certains documents officiels, lui préférait le nom de « ruelle Lambotte » ou de « ruelle Maréchal ». Voir aussi ruelle Tillard.

L’ordre des Trinitaires, fondé en 1198 par Jean de Matha et Félix de Valois, avait pour mission prioritaire de recueillir des fonds pour le rachat des chrétiens tombés aux mains des musulmans. Mais très tôt, ces religieux se consacrèrent également au service des malades ? C’est à eux que Gérard d’Houffalize, bourgeois de Bastogne, fait appel en 1239 pour desservir l’hôpital Saint-Nicolas , encore appelé hôpital des pauvres, qu’il avait fondé dans le bas de la ville, entre l’actuelle rue des Brasseurs et celle des Trinitaires. Les Trinitaires, installés à Bastogne dès 1242, assureront la gestion de cet hôpital et aideront le clergé des environs dans ses tâches spirituelles.

Leur communauté ne sera jamais très importante numériquement et leurs revenus resteront modestes. En 1607, à la suite des décrets du Concile de Trente, l’hôpital est sécularisé, puis transféré en 1652 à l’endroit de l’ancien hospice (FECHEROLLE 1971 : 59). Les Trinitaires resteront au service des malades et des plus démunis, pratiquant l’aumône et allant même jusqu’à prêter de l’argent. En 1664, ils ouvrent une école latine où étaient enseignées la grammaire et la poésie. Elle survivra une cinquantaine d’années.

Les réformes de Joseph II n’épargneront pas les Trinitaires. Leur couvent est supprimé en 1783 et l’église est détruite à la fin du 18e siècle. Une partie du couvent subsiste encore aujourd’hui, transformée en maison particulière.

 

La rue du Vieux Moulin est de création récente : elle n’a été isolée des autres habitations du quartier du Tivoli qu’après la guerre 40-45 (voir rue du Tivoli), ce qui explique le caractère tardif des mentions officielles de son nom.

Quel est ce « vieux moulin » dont l’odonyme perpétue le souvenir ? Certains l’ont identifié comme étant le moulin banal situé à côté de la porte de Trèves, et qui était alimenté par les eaux du vivier. Un moulin placé sous l’administration de la ville à la fin du 15e siècle, suite à un accord conclu entre les Bourgeois de la ville et les Archiducs Albert et Isabelle le 15 décembre 1480 ; un moulin dont les activités se ralentiront progressivement à la suit de l’assèchement et qui sera remplacé par un moulin à vent (LEFEBVRE 1954 : 276 sv.). Mais la localisation de ce moulin banal, ainsi que l’apparition tardive du nom de la rue, invalident cette hypothèse.

Par contre, la tradition orale a gardé le souvenir d’un « vieux moulin », encore appelé « moulin Mathurin » ou « moulin Jeangout », situé en bordure de l’ancien par Jeangout, en face de l’actuel n° 10 de la rue du Vieux Moulin. Ce bâtiment, précise l’ANCIEN (Dimanche n° 34 du 09-09-1962), était en 1878 un moulin à vapeur propriété de la famille Mathurin (qui possédait également une tannerie à proximité), et dont une partie importante fut endommagée par un incendie en 1915. La partie restante, transformée en habitation, continuera d’être appelé le « vieux moulin ». Elle disparaîtra au lendemain de la seconde guerre mondiale.

 

La rue du Vivier est le côté sud de la grand-rue, qui va de la Place du Général McAuliffe à la place Saint-Pierre. A la différence des habitants du Sablon, ceux du Vivier n’avaient d’autre ressource que le droit de pêche dans l’étang du Vivier. D’où une animosité ancestrale, perceptible encore à une époque récente (voir rue du Sablon).

Le vivier était autrefois une vaste étendue (24 hectares au 18e siècle), qui s’est progressivement asséchée au fil des siècles. Il venait jusqu’au pied des remparts de la ville, ce qui en faisait une protection naturelle, et ses eaux alimentaient notamment le moulin banal installé près de la Porte Basse (voir rue du Vieux Moulin). Se transformant en marécage au fil du temps, il fut peu à peu converti en prairies. L’Atlas des communications vicinales, à propos de l’extrémité nord-est du vicier, proche de Trèves, parle de « prairie dite de l’étang ».

 

Le chemin de la Wachenaule, autrefois chemin agricole sans issue, a été aujourd’hui élargi et prolongé sous la forme d’un pont surplombant la Nationale 4. Il fait ensuite la jonction avec le chemin d’Assenois, dont le tracé initial a été interrompu par cette même Nationale 4.

Le chemin « dit de Wachenaulle » (n° 24) est mentionné dès 1844 dans l’Atlas des communications vicinales. Cette dénomination est confirmée par la tradition orale wallone qui dit tchumin d’Wachnôle.

Wachenaule est donc un lieu-dit, enregistré par le cadastre sous les mentions « Au chemin de Wuachenaulle » et « Fonds de Wuachenaulle ». Ce toponyme a donné son nom à un ruisseau, la Wachenaule, qui rejoint la Bovire (voir rue de la Petite Bovire) pour former la Wiltz.

Ce n’est qu’à une époque récente que ce chemin a été erronément associé au ruisseau- d’où son nom de « chemin de LA Wachenaule »- et non plus au lieu-dit, comme c’était le cas dans la dénomination originelle « chemin DE Wachenaule ».

Wachenaule est probablement un dérivé du francique *waskan « laver » (comparez le fr. gâcher, dont le sens primitif est « passer à l’eau, laver sommairement » et le w. wachoter « agiter dans l’eau pour rincer » ; voir FEW 17, 542a). La glose de LAYON (1879 :17), qui fait de Wachenaule un « composé de Wa, abréviation de vache, et chenaulle, mot patois qui désigne un lien de vache », est sans valeur.

 

RUELLES ET VENELLES D’AUTREFOIS

Rue de la Porte de Trèves, cette dénomination récente, mais non officielle, désigne la voirie qui longe l’église Saint-Piere pour faire la jonction entre la rue du Vivier et la place de la Porte de Trèves. Elle apparaît dans une délibération du conseil communal du 12-12-1980, consacrée à un règlement de circulation. Voir aussi ruelle Collin.

On trouve également, dans une délibération du conseil communal du 23-08-1929, mention d’une « rue Porte de Trèves » qui, cette fois, est assimilée au chemin n° 8 de l’Atlas. Il s’agit, à cette date, de la partie de la route de Clervaux (aujourd’hui rue Gustave Delperdange) qui passait derrière la Maison Mathelin et dont le tracé coïncidait partiellement avec l’ancienne rue deu Colonel Rouling. Voir Plan de détail n° 2.

 

LES RUES DE LA MEMOIRE

Les dénominations tombées en disgrâce

La Place du Carré, aujourd’hui encore, il est des Bastognards qui ont un bref moment d’hésitation lorsqu’un touriste leur demande où se trouve la place McAuliffe. La dénomination traditionnelle de cette place est le Carré, et ce, depuis le début du 19e siècle.

L’histoire du Carré débute en effet au moment où s’échafaude le tracé définitif de la route Namur-Arlon. En 1805, un ingénieur des Ponts et Chaussées propose de ne pas faire passer cette route par le centre de Bastogne, ce qui aurait été un détour, mais d’utiliser « un terrain vague servant de dépotoir à ordures en avant de la Porte Haute ». Ce visionnaire (cité d’après GUILLAUME, p. 170) suggère en outre de faire sur ce terrain « une place carrée de 130m de côté extérieur, au milieu de laquelle se réuniraient les trois angles dirigés sur la grand’rue, l’autre sur la chapelle du côté de Luxembourg (chapelle Notre-Dame de Bonne-Conduite) et la troisième sur l’extrémité de l’avenue de « hielle de la haisse » (Isle-la Hesse). Cette place aurait 120 m de côté. Il y serait fait tout autour une double plantation d’arbres à 5 m de distance ce qui donnerait pour le carré extérieur 130 m. On pourrait faire toutes les constructions parallèlement à ce carré. » Ce qui fut fait …

Deux éléments vinrent par la suite compléter le paysage de ce que certains textes appelaient la « place publique ». D’abord un remarquable kiosque, de forme octogonale, dont les plans et le devis de construction furent approuvés par le conseil communal le 19-05-1870. Il abrita longtemps les concerts de la Philarmonie, mais son arrêt de mort (pour vétusté !) fut décidé par le conseil le 21-12-1927, la sentence étant finalement exécutée en 1928. Ensuite, les feux placés au carrefour par l’Etat belge en 1961 – alors que le principe de leur installation était acquis depuis … 1948 (voir CC du 29-12-1948). Ce furent les premiers à être installés dans la Province de Luxembourg : les Bastognards en tirèrent à l’époque une légitime fierté !

De l’ancien dépotoir à ordures à l’actuelle place McAuliffe, le chemin a donc été rapidement parcouru, mais non sans mal. On apprend par exemple, dans plusieurs délibérations du conseil communal de la fin du 19e siècle (1870,1871) que cette place est très humide et que les eaux y séjournent continuellement. Son assainissement sera confié à des ouvriers nécessiteux à qui la commune souhaitait venir en aide.

Enfin, à tous ceux qui se plaignent de l’encombrement du Carré, rappelons que celui-ci fut longtemps « envahi » les jours de foire aux bestiaux. Cela fut même, en 1862, l’occasion d’un premier conflit entre les habitants du pa la-y-ôt, riverains du Carré, lesquels souhaitaient que le marché des bêtes à cornes soit déplacé vers l’intérieur de la ville, et ceux du pa lâvâ, qui ne tenaient aucunement à voir la pavêye envahie par les ruminants de tout poil ! Pour la petite histoire, signalons qu’en cette occasion, ce fut le pa lâvâ qui eut gain de cause : le conseil communal du 18-06-1862 décida de maintenir le champ de foire sur le Carré.

Le nom de cette place lui vient évidemment de sa forme géométrique. Les premières attestations de cette dénomination montrent bien que le nom de la place était « Le Carré » (ou le « Quarré »), comme dans la tradition orale encore en vigueur aujourd’hui. Après quelques hésitations dans l’usage, la « Place du Carré » a fini par s’imposer.

 

La rue de Lutrebois, cette dénomination a connu une existence assez éphémère dans les document officiels et n’a jamais été adoptée par la tradition orale, qui lui a toujours préféré la dénomination aujourd’hui officielle de « chemin du Saiwet » (officialisée en 1991). On la trouve dans le seul registre de population des années 1932-1947. Quant à l’Atlas de communication vicinales (1844) , il mentionne le « chemin du Pont de Bois » (n° 25) en direction de Lutrebois. Il s’agit très vraisemblablement d’une référence au pont enjambant le ruisseau du Saiwet, en contrebas de la ferme Delperdange.

Lutrebois est un petit village de l’ancienne commune de Villers-la-Bonne-Eau. Son nom remonte très probablement à une adaptation de l’allemand lauterbach « claire fontaine, ruisseau à eau claire ». Voir POTELLE 1959 :288.

 

Plusieurs années seront sans doute nécessaire aux Bastognards pour préférer au chemin de Marvie la déénomination « rue de la Californie », officialisé en 1991. Repris dans l’Atlas des communications vicinales (1844) sous le nom de « chemin du Ponçay » (chemin n° 6 en direction de Marvie), il n’était, d’après un conseil communal du 28-04-1896, que « d’une utilité tout à fait secondaire » pour la commune. En 1927, sa réputation n’est guère favorisée par une décision du conseil communal (02-12-1927) d’acheter en bordure de ce chemin un terrain pour l’enfouissement des détritus de l’abattoir.

Il faudra attendre 1930 pour qu’enfin une plus noble destination lui soit attribuée. Le 16 avril de cette année en effet, le conseil communal décide d’améliorer ce chemin qui est un « véritable casse-cou » car « il est le chemin le plus direct conduisant à la Porte de Trèves, et que, mis en bon état, il pourra être emprunté par les nombreux touristes qui viennent chaque année visiter ce monument ». On ne sait trop d’où venaient ces nombreux touriste, mais grâce à leur soit rendue, au nom de tous les enfants qui trouvèrent sur ce chemin de Marvie rénové, une piste de luge à la mesure de leur talent.

Marvie est le nom d’un village de l’ancienne commune de Wardin, bien connu des Bastognards qui s’y rendaient à l’occasion de la dicâce, pour participer à la procession de saint Fiacre, invoqué notamment pour la guérison des maux de ventre.

Pour certains (Gamillscheg, Petri), Marvie en wallon Marvi ou Marvî, en allemand Morbich (d’après Potelle), est d’origine franque. Il s’agirait d’un composé de mari « eau stagnante » et de –widu, -wede « bois, forêt ». Cette proposition pourrait être remise en question si l’on considère, dans la région, l’alternance régulière entre les suffixes –i (forme wallonne) et –ich (forme allemande) pour les correspondant du lat. –iacas. Carnoy y voit plutôt un composé de °Marwige-mansus « habitation de Merwig (Mervée) ». Quant à la glose de PRAT (dans TANDEL 1891 : 668), qui voit dans la finale le latin via, elle est invalidée par la forme wallonne : via donne voye en wallon. Voir aussi POTELLE 1959 : 300.

Quant à la dénomination « chemin du Ponçay » qui apparaît dans l’Atlas des communications vicinales, elle fait référence à un lieu-dit proche, enregistré par le cadastre sous la forme « au poncelet » (wallon â ponç’rê). Il s’agit d’un dérivé de pont (comparez le fr. ponceau).

 

Le chemin de Mont n’a guère fait l’objet des attentions du conseil communal, sinon lors de sa transformation en rue des Hêtres, officialisé en 1991. L’Atlas des communications vicinales le mentionnait déjà, sous la dénomination « chemin de la Fosse de Mont » (n° 7).

Mont (w. Mont) est le nom d’un petit village de l’ancienne commune de Wardin. Il a été, jusqu’à il a peu, fort apprécié des Bastognards grâce à une source située au cœur du village, qui n’a jamais cessé de donner une eau d’excellente qualité. Depuis quelques années, un panonceau indique « eau non potable » …

« Ala fosse de Mont » (wallon al fosse du Mont) est un lieu-dit enregistré sous cette forme pour le cadastre. Il est situé à la hauteur de la chapelle Sainte-Thérèse, du côté nord du chemin du Mont.

 

Les voiries disparues

La rue Piconrue, cette ruelle a disparu en 1975, lors de l’aménagement de la place Saint-Piere en raison notamment du déplacement du monument aux Morts. Cet aménagement a entraîné la démolition d’un pâté de maisons compris entre le Séminaire, l’actuelle maison Mathelin et la place Saint-Pierre.

Cette ruelle séparait ce pâté de maisons du mur de la cour d’entrée du Séminaire ; elle reliait donc le début de l’actuelle rue Pierre Thomas au début de l’actuelle rue Gustave Delperdange.

Piconrue (Pyconrue, Piconru) est une appellation séculaire qui désignait autrefois le domaine de l’abbaye de Prüm à Bastogne, au cœur duquel se trouvait l’église Saint-Pierre (d’où le nom de Cour Saint-Pierre qui apparaît également dans les documents) et le Séminaire. Après que l’abbaye de Prüm eût perdu ses possessions à Bastogne, le titre de Seigneur de Piconrue ne sera plus porté par l’abbé du Monastère, mais par le curé de Bastogne.

La rue Piconrue n’a perpétué le souvenir du domaine de l’abbaye de Prüm qu’après la seconde guerre mondiale. Elle n’est mentionnée qu’une seule fois dans les registres de population des années 1948-1963, avant de disparaître avec le quartier qui avait servi de prétexte à sa résurrection, sans doute à l’initiative de feu le Chanoine Fécherolle. Dans la tradition orale wallonne, on parlait plutôt de la rouwale Cordî.

L’origine de ce nom est incertaine. Le premier élément est très probablement de la famille du latin *pikkare, piquer (voir FEW 8,453a) d’où sont issus les mots comme le français pic, l’ancien français picon « arme pointue, lance, dard » ou encore le français moderne picon « laine de rebut employée à la fabrication des étoffes grossières » (attesté depuis 1877 d’après le FEW 8,453b). LEFEBVRE (1897 : 9), se fondant sur l’établissement dans ce quartier de plusieurs tisserands-drapiers, suggère qu’il s’agit de la « rue des picons » (= des drapiers). Nous pourrions suggérer une hypothèse proche, considérant Picon, non comme un nom de profession, mais comme un nom propre (toujours attesté aujourd’hui en plusieurs endroits de la Belgique romane), soit la rue de Picon.

Sachant que Piconrue est originellement le nom d’un domaine – et non celui d’une rue particulière-, nous nous interrogeons toutefois sur le second élément du toponyme, qui pourrait être, non la rue, mais le ru, le ruisseau. Cette hypothèse implique l’existence d’un cours d’eau qui traverserait l’ancien domaine de Prüm, et auquel on pourrait associer l’activité des drapiers, fouleurs de drap et teinturiers installés dans les environs. Or, en 1955, lors de la construction du nouveau réfectoire et des cuisines du Séminaire, les ouvriers ont découvert, à une profondeur de trois ou quatre mètres, une sorte de canalisation remplie d’eau, d’une largeur d’environ 180 centimètres, construite en pierres sèches. Elle traversait la cour du Séminaire, parallèlement à la chapelle. Il est plausible que cette canalisation soit un vestige de l’ancien Piconru, lequel serait alors le ruisseau des picons (ou le ruisseau de Picon, voir plus haut), qui aurait donné son nom à l’ensemble du domaine.

Ajoutons que les premières mentions du toponyme (en 1482, cf. LEFEBVRE 1987 : 9) apparaissent sous la forme Piconru, un –e final n’étant ajouté que dans les mentions postérieures.

 

Rue du Colonel Rouling, cette ruelle a disparu à la suite de la rénovation du quartier de la porte de Trèves dans les années 1970. Elle partait de l’arrière de la Maison Mathelin pour rejoindre l’actuelle rue du Gustave Delperdange.

Dans la tradition orale, cette ruelle portait le nom de rouwale Chtok. Peu après la seconde guerre mondiale, les autorités communales décidèrent de lui donner le nom d’un enfant du pays, Jean-Hubert ROULING, né le 20 juin 1869 à Arloncourt (ancienne commune de Longvilly) et décédé à Watermael en 1939. Ce militaire s’était illustré lors de campagnes au Zaïre (ex Congo), à l’Yser, puis au Cameroun. Il repose, selon ses vœux, dans son village natal. L’apposition de la plaque originale eut lieu le 29 septembre 1946.

Après la disparition de la rue, les proches du Colonel Rouling, soucieux de préserver son souvenir, on fait apposer une nouvelle plaque, toujours visible sur le mur arrière de la maison Mathelin. Cette initiative a été prise le 9 octobre 1982, à l’occasion d’une réunion de plus de 150 descendants de la famille Rouling.

 

Une rue mort-née 

L’histoire de la rue du 1er d’Artillerie est sans conteste un des plus riches fleurons de notre florilège odonymique et mérite, à ce titre, d’être contée par le menu.

Le premier épisode remonte à l’an de grâce 1986, celui du 150e anniversaire du 1er régiment d’Artillerie, stationné depuis plus de vingt ans dans la bonne ville de Bastogne. A cette occasion, les autorités communales accèdent à la requête émanant du chef de Corps du 1A, lequel souhaitait que l’on attribue le nom du régiment à une rue de Bastogne. A l’unanimité, le conseil communal, réuni le 16 mai 1986, décide de donner son accord de principe au sujet de la modification du nom « rue de La Roche » en « rue du 1er d’Artillerie » pour la partie de la voie publique comprise entre la rue Pierre Thomas et la jonction des routes « Savy-Hemroulle » et « La Roche ».

Joignant le geste à la parole, les autorités communales profitent des fêtes du 150e anniversaire du 1A (4-6juillet 1986) pour inaugurer une plaque apposée sur l’immeuble au carrefour de la rue Pierre Thomas et de la toute fraîche rue du 1A (l’actuel n° 2 de la rue …de La Roche).

Ne dit-on pas que Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ? Pour la première fois de son histoire, le conseil communal décide de faire entériner cette décision par la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie. Il envoie donc notification de sa décision à la Commission le 16 juillet (soit quelques jours après l’inauguration officielle..). Mal lui en prit !

Le 5 août 1986, le bourgmestre de Bastogne est averti de ce que la Commission refuse d’avaliser le choix du conseil par cette sentence sans appel : « pour changer une dénomination officielle, il faut avoir des motifs sérieux. Des motifs semblables ne paraissent pas justifier votre demande de changement. La Commission ne peut donc donner un avis favorable. » S’avisant du guêpier dans lequel il est tombé, le bourgmestre tente alors une parade et demande à la Commission de lui donner notification officielle de sa compétence en la matière. Par retour du courrier, il reçoit le texte du décret de la Communauté française voté le 18-06-1986 (15 jours avant le début de l’affaire…) précisant que « la dénomination d’une voie publique ne peut être modifiée qu’après avis de la section wallonne de la Commission royale de toponymie et dialectologie ». Un décret voté par d’eux éminents parlementaires de Bastogne….

Ardennais bon teint, notre bourgmestre adopte alors la tactique, largement éprouvée dans la Nuts City, du « wait and see ». Une lettre de la Commission au gouverneur de la Province, avertissant ce dernier du refus de la nouvelle dénomination, va cependant précipiter le cours des évènements. En novembre 1986, le gouverneur donne gain de cause à la Commission. La rue de La Roche ne sera pas amputée de son premier tronçon.

Mais l’affaire n’en est pas resté là. Mal informé du douloureux cheminement du dossier de « sa » rue, le 1er régiment d’Artillerie avait, depuis belle lurette, notifié son changement d’adresse en haut lieu. A l’heure actuelle, une partie des documents militaires officiels officialisaient donc la « rue du 1A ». Mieux encore ! Un promeneur attentif pouvait encore repérer, en septembre 1991, la fameuse plaque inaugurée en juillet 1986, défiant martialement la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie, le Gouvernement provincial et tous ceux qui n’avaient pas compris que le temps arrange bien les choses…mais pas les plaques indicatrices.